« brigue », définition dans le dictionnaire Littré

brigue

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

brigue

(bri-gh') s. f.
  • 1Manœuvre par laquelle, poursuivant quelque objet, on engage des personnes dans ses intérêts. Brigues dans les élections. La brigue pour le consulat était plus animée que jamais. Les candidats commencèrent leurs brigues. Lois contre la brigue. Convaincu de brigue. On fait sa brigue pour arriver à un grand poste, La Bruyère, 8. Je fus sourde à la brigue et crus la renommée, Racine, Brit. IV, 2. Fermons l'œil aux présents et l'oreille à la brigue, Racine, Plaid. II, 14. Pour moi j'ai su déjà, par mes brigues secrètes, Gagner de notre loi les sacrés interprètes, Racine, Baj. I, 2. Combien pour le répandre [le sang romain] a-t-il formé de brigues ? Racine, Cinna, I, 3. Fabius Ambustus fit une brigue si puissante que non-seulement il vint à bout de faire renvoyer le héraut sans satisfaction…, Vertot, Révol. rom. III, p. 196. Ne descendons jamais dans ces lâches intrigues ; N'allons point à l'honneur par de honteuses brigues, Boileau, Art p. IV. Des brigues, des partis l'un à l'autre odieux, Le Parnasse idolâtre adorant de faux dieux, Gilbert, Le XVIIIe siècle.

    Fig. Sollicitation amoureuse. La secrète brigue Que font auprès de toi Don Sanche et Don Rodrigue, Corneille, Cid, I, 1.

  • 2La réunion des gens qui coopèrent à la brigue. La brigue est nombreuse et puissante. On dit même qu'au trône une brigue insolente Veut placer Aricie et le sang de Pallante, Racine, Phèd. I, 4.

HISTORIQUE

XIVe s. Ce estoit commencement de brigue [querelle] ; car li tribuns commandoient au peuple que il s'en alast, et li consulz ne le souffroient, Bercheure, f° 54, verso. Comme la brigue fust un po apaisiée, Bercheure, f° 47, verso. Vous savez que mes adversaires ont commencié la riote et la brigue [querelle] par leur oultrage, Ménagier, I, 9.

XVe s. …que c'estoit le duc de Guyenne qui vouloit eslargir ses limites et qui commençoit toutes ces brigues, Commines, III, 8.

XVIe s. À la nomination de ces juges il y eut de grandes brigues, D'Aubigné, Hist. II, 232.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. brega ; portug. et ital. briga ; bas-lat. briga, querelle, rixe ; d'un radical brig, qui paraît signifier agitation, occupation, mais qu'on ne peut rattacher à rien de connu d'ailleurs.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BRIGUE. - ÉTYM. Ajoutez : L'origine de ce mot était laissée à un radical brik qui demeurait indéterminé. M. J. Storm, Romania, avril 1876, p. 171, pense que ce radical est germanique : allem. brechen, rompre ; bas-allem. breken ; angl. to break ; goth. brikan. Le thème brikan a formé d'abord brigare, bregare, rompre, faire du bruit, se quereller ; en catal. bregar, broyer, quereller. L'ital. briga s'emploie surtout dans le sens d'ennui, querelle, affaire difficile et aussi tourbillon de vent : Ombre portate dalla detta briga, Dante, Inf. V, 49.