« cabaret », définition dans le dictionnaire Littré

cabaret

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cabaret [1]

(ka-ba-rè ; le t ne se lie pas dans la conversation ; au pluriel l's se lie : des ka-ba-rè-z achalandés ; cabarets rime avec traits, jamais, succès) s. m.
  • 1Sorte d'auberge d'un rang inférieur où l'on vend du vin en détail et où l'on donne aussi à manger. Hanter le cabaret. C'est un pilier de cabaret, c'est un homme qui ne bouge du cabaret. Il y a des cabarets où les ouvriers font leurs repas. Cabaret borgne, mauvais cabaret. Le marquis de Mirepoix s'amouracha de la fille d'un cabaret en Allemagne, Saint-Simon, 69, 127. Versailles, petit château de cartes alors, bâti par Louis XIII, ennuyé d'y avoir couché dans un méchant cabaret à rouliers, Saint-Simon, 410, 136. Dis-nous un peu quel est le cabaret honnête Où tu t'es coiffé le cerveau ? Molière, Amph. III, 2. Socrate, cet homme discret Que toute la terre révère, Allait dîner au cabaret Quand sa femme était en colère, Panard, Chanson. Oui, dansez sous mon vieux chêne ; C'est l'arbre du cabaret ; Au bon temps toujours la haine Sous ses rameaux expirait, Béranger, Vieux ménétr. Quoi ! parer d'une noble image Mes petits vers de cabaret ! Béranger, Portrait. Gaîment je reprends ma musette, Et m'en retourne au cabaret, Béranger, Hab. de cour.

    Familièrement. Aller dîner au cabaret, dîner chez le traiteur. Dîner de cabaret, dîner que l'on fait chez le traiteur.

  • 2Petite table ou plateau pour tasses à café, à thé, etc. Un beau cabaret. Cabaret de la Chine. On était auprès de plusieurs cabarets de thé et de café ; en prenait qui voulait, Saint-Simon, 186.

    L'assortiment même des tasses ou verres qui garnissent le plateau.

  • 3Se dit, au jeu de la trinquette, de trois cartes qui se suivent immédiatement, depuis le valet jusqu'à l'as.
  • 4Espèce de gros-bec, oiseau.

SYNONYME

CABARET, TAVERNE. Maisons où l'on vend aux allants et venants à boire et à manger. Le cabaret est un terme indifférent qui n'implique rien de défavorable, sinon que c'est un lieu destiné à la fréquentation de petites gens. Mais taverne, qui n'est plus de l'usage ordinaire, ne se dit guère que d'un cabaret où l'on va pour boire à l'excès et se livrer à la crapule, excepté quand il s'agit des restaurants anglais ou faits à l'imitation des anglais.

HISTORIQUE

XIVe s. Icellui sergent entra de fait en un petit cabaret, que on dit la lanterne, par où l'en va ou celier du dit hostel, Du Cange, cabia. Il vint en une loge ; le pot au feu trouva, Et le miés et le vin ; bon cabaret i a, Baud. de Seb. VIII, 125.

XVe s. En l'ost avoit tavernes et cabarets aussi bien et aussi plantureusement comme à Bruges ou à Bruxelles, Froissart, II, II, 161. Carpe au cabaret pour disner, Deschamps, Poésies mss. f° 206, dans LACURNE.

XVIe s. Esteufs, avecques les cabarets à les frapper, Du Cange, cabaretus.

ÉTYMOLOGIE

Norm. cabaret, avant-toit. Cabaret signifie, comme on voit, un lieu où l'on vend du vin, un réduit, un avant-toit, une raquette. Ménage le tire du grec ϰάπη, d'où ϰάπηλος, tavernier, en latin caupo ; mais, outre qu'on ne voit pas par quelle voie ni par quelle filière grammaticale ce mot grec serait venu dans le français, on n'obtient pas par là une explication des trois ou quatre sens que le mot présente. Jusqu'à présent l'origine en est inconnue ; et ici on n'a pu que rassembler les éléments d'une discussion.