« caution », définition dans le dictionnaire Littré

caution

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

caution

(kô-sion ; en poésie, de trois syllabes) s. f.
  • 1Engagement que l'on prend pour un autre, et, par extension, la personne même qui prend cet engagement. Être caution de quelqu'un. Se rendre, se porter caution. Donner, fournir caution. Admettre, recevoir une caution. Mettre en liberté sous caution, moyennant caution. Il se constitue caution pour les insolvables, Bossuet, II, Pass. 2. Il a trouvé une caution capable de payer pour lui, Bossuet, II, Hist. II, 6. Elle n'était pas caution des articles secrets du traité, Hamilton, Gram. 9. Je me rends caution pour Sophie qu'elle accepte le traité, Rousseau, Ém. V.

    En matière civile, engagement de satisfaire à une obligation au défaut du contractant. En matière correctionnelle, garantie donnée qu'un prévenu se représentera quand il en sera requis. Élargir quelqu'un à la caution d'un autre.

    Caution bourgeoise, caution solvable et facile à discuter. On ne veut point prêter aux grands seigneurs sans caution bourgeoise, Furetière. Je m'en vais gagner au pied, ou je veux caution bourgeoise qu'il [leurs yeux] ne me feront pas de mal, Molière, Préc. rid. 10. Le marquis : Parbleu ! je la garantis détestable [la comédie]. - Dorante : La caution n'est pas bourgeoise ; mais, marquis, par quelle raison, de grâce, cette comédie est-elle ce que tu dis ? Molière, Critique, 6.

    Caution judicatum solvi (caution que ce qui sera jugé sera payé), garantie de frais et dommages qu'on peut exiger de l'étranger qui intente une action en France contre un Français.

  • 2Sujet à caution, qui doit donner caution, et par conséquent suspect. Ces choses-là sont un peu sujettes à caution, Molière, Malade im., I, 4. Ce pays-ci est un peu sujet à caution, Molière, Pourc. I, 6. Ma divine moitié, soit dit sans vous déplaire, Vous me semblez un peu sujette à caution, Regnard, Fol. am. Divert. Encore, de la manière dont j'entends parler, les astres eux-mêmes sont-ils sujets à caution, Fontenelle, Erasistr. et Hervé. Ce certain goût de bonne latinité est bien sujet à caution, Diderot, Lett. à Galiani.
  • 3 Fig. Témoin, témoignage de la réalité d'une chose. Je vous suis caution qu'il est très honnête homme, Molière, Sgan. I, 1. Les épreuves que tout le monde a vues de l'infaillibilité de mes prédictions sont les cautions suffisantes des promesses que je puis faire, Molière, Am. magn. III, 1.

SYNONYME

CAUTION, GARANT, RÉPONDANT. Termes qui désignent un homme qui se fait fort ou qui s'engage pour un autre. On donne caution, on est caution, quand on s'engage à payer pour quelqu'un, s'il ne paye ou s'il ne se présente pas là où il est requis. Garant est plus général : on est garant non-seulement d'une somme à payer, mais de toute espèce d'obligation ; ainsi on est garant des droits de quelqu'un ; un État est garant d'un traité. Il faut remarquer que, tandis que caution se dit des personnes, garant s'étend aux choses. Répondant ne se dit que des personnes ; c'est celui qui répond d'un autre, qui témoigne de son honnêteté, de sa capacité, de son aptitude. Ce domestique a de bons répondants.

HISTORIQUE

XIIIe s. Car il convient que li procureur face caution, Beaumanoir, 83. Et se ceste caucion est obliée, li avoés a bone caucion contre l'avoeor, Liv. de just. 61.

XVIe s. Mais la caution et prevention dont les fourmis usent à ronger le grain de froment…, Montaigne, II, 186. Les cautions judiciaires n'ont point de lieu entre les François, Loysel, 858. À cettui-ci [l'ordre du Saint-Esprit] il apporta des cautions pour empescher d'y entrer ceux qui ne pouvoient prouver leur noblesse, D'Aubigné, Hist. II, 330. Il faut tirer du sang ; avec ceste caution que, s'il se monstre noirastre et espais, il le faut laisser couler, Paré, XX, 28.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. cautio ; espagn. caucion ; portug. caução ; ital. cauzione ; du latin cautionem, de cautum, supin de cavere, prendre garde, qu'on regarde comme équivalent au sanscrit skav, gothique skavjan, l's étant tombée, ce qui arrive souvent.