« charnier », définition dans le dictionnaire Littré

charnier

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charnier [1]

(char-nié ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel l's se lie : les charnié-z et les jambons) s. m.
  • 1Endroit où l'on garde les viandes salées et, en général, toute espèce de viandes. Mille autres moutons comme moi, Pendus aux crocs sanglants du charnier populaire, Seront servis au peuple-roi, Chénier, 268.
  • 2Dans le langage des chasseurs, gibecière. On dit beaucoup plus souvent carnier.
  • 3Cimetière, lieu où les corps morts sont déposés : sens aujourd'hui tombé en désuétude. On me jettera dans les charniers Saint-Innocent et on ne mettra sur ma fosse qu'une croix de bois, Voltaire, Préf. de Cath. Vadé.

    Galerie autour des églises à Paris, où l'on donnait la communion aux grandes fêtes.

  • 4Dépôt des os exhumés des charniers ou cimetières.

    La pile même des ossements.

HISTORIQUE

XIe s. En un carnel comandez qu'on les port [porte], Ch. de Rol. CCVIII. Ad un carner sempres [ils] les ont portet, ib. CCIX.

XIIe s. À pieux agus [ils] font les charners [fosse mortuaire] ouvrir, Ronc. p. 156.

XIIIe s. Et no franc crestien (que Jhesus puist sauver) Ont fait tous Antioche des mors Turs delivrer ; Ens es carniers defors les alerent jeter, Ch. d'Ant. VI, 1085. Bacons [jambon] mal salés En charnier empire, A dist li vilains, Proverbes du vilain, ms. dans LACURNE.

XIVe s. Le charnier des esperviers est fait sur un arbre qui a regart à leur aire, et est aussi comme au trait d'un arc de leur dit aire, Ménagier, III, 2.

XVe s. Loys de Luxembourg fist faire en la place où la bataille avoit esté, pluseurs carniers, et puis fist assembler tous les mors, Fenin, 1415. Quand je considere ces testes Entassées en ces charniers, Tous furent maistres des requestes, Au moins de la chambre aux deniers, Villon, G. Test. Après que les tuez eurent esté mis en terre en de grands charniers, Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 600, dans LACURNE.

XVIe s. Et non gueres loing de là est le charnier, auquel furent enterrez les corps des Macedoniens qui moururent en la bataille, Amyot, Alex. 13. Deux charniers [caisses de chair], l'un plein de venaison de cerf, l'aultre de sanglier, Carloix, IV, 24. Cuisine accompagnée de tous ses offices ; assavoir, charnier, boulengerie, fournil, serre-pain…, De Serres, 20. Plus rare est le rencontre du bon charnier, que du bon grenier et de la bonne cave, s'en treuvant peu où les chairs de pourceau, mesme les lards, ne s'enrancissent, De Serres, 836.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. chanier ; provenç. carnier ; espagn. carnero ; portug. carneiro ; ital. carnajo ; de carnarium, du latin caro, carnis, chair (voy. CHAIR).