« charogne », définition dans le dictionnaire Littré

charogne

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charogne

(cha-ro-gn') s. f.
  • Corps de bête morte et en décomposition. Semblable à ces lâches oiseaux qui ne se jettent que sur des charognes et des corps morts, Vertot, Révol. rom. liv. XII, p. 157. Ne considérons plus un corps comme une charogne infecte, Pascal, Lettre 4. Telle fut la fortune d'un repaire [Marly] de serpents et de charognes, de crapauds et de grenouilles, Saint-Simon, 410, 156.

    Par extension et par dépréciation, viande. Ma table ne serait point couverte de charognes lointaines, Rousseau, Ém. IV.

HISTORIQUE

XIIe s. E la charuigne Jezabel girrat cume feins el champ de Jesrael, Rois, 379.

XIIIe s. Les charoignes de tes sers que il ocistrent, livrerent il as oisiaux et as bestes, Psautier, f° 97. Il n'a ne creance ne foi, Ne que chiens qui charoingne tire, Rutebeuf, 217. Chascuns scet que quant l'ame de sa charongne part, De cest monde n'emporte avec soi point de part, J. de Meung, Test. 309. Li ver ont la charongne, et li parent la terre ; Mauvais fait pour tiex hoirs mauvaisement acquerre, J. de Meung, ib. 340.

XVe s. Autrement ils eussent esté tous morts et empunaisés sans mercy, tant leur envoyoit on de charognes pourries et d'autres ordures par les engins, Froissart, I, I, 115.

XVIe s. Qu'il n'y avoit aulcun mal de se servir de nostre charongne à quoy que ce feust pour nostre besoing, et d'en tirer de la nourriture, Montaigne, I, 240.

ÉTYMOLOGIE

Picard, carone, carongne ; Saintonge, chareugne ; provenç. caronha ; ital. carogna ; d'un latin fictif caronia, dérivé du nominatif caro, chair (voy. CHAIR).