« contrister », définition dans le dictionnaire Littré

contrister

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

contrister

(kon-tri-sté) v. a.
  • Causer une tristesse profonde. Dans le danger d'être trompée, il vaut mieux que vous le soyez en faisant du bien, que de l'être en contristant une personne et la mortifiant, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 473. Quel bonheur pour vous de fermer enfin les yeux à tous les scandales qui nous contristent, à la vanité qui nous séduit ! Massillon, Av. Mort du pécheur. Tout excite votre zèle, tout contriste votre piété, Massillon, Car. Prière, 1. Une épouse qu'il a contristée par des passions étrangères, Massillon, Mort du pécheur. Contristerai-je par des troubles domestiques les vieux jours d'un père que je vois si content, si charmé du bonheur de sa fille et de son ami ? Rousseau, Hél. IV, 1.

    Terme de dévotion. Contrister le Saint-Esprit, retomber dans le péché après avoir reçu les grâces du Saint-Esprit. Veillons contre les moindres fautes pour ne jamais contrister le Saint-Esprit, Fénelon, XVIII, 427.

    Se contrister, v. réfl. Devenir contristé.

HISTORIQUE

XIIe s. David forment se cuntristad, kar li poples le volt lapider, Rois, 114.

XIVe s. Il cuident que avecques chascun l'en doie estre et converser sans le contrister, Oresme, Eth. 130. Nulz d'eulz ne voudroit contrister celui qui l'aime et qui bien li fait, Oresme, ib. 253. Leurs amis se contristent et doulent avecques eulz, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVIe s. Seigneur Dieu, fault-il que je me contriste encores ? Rabelais, Pant. II, 3. Ils ont accoustumé d'esgayer et resjouir ceulx qui les traictent, non les renfrogner et contrister, Montaigne, I, 175. D'un visage morne et contristé, Montaigne, I, 270. Il faut contrister son ami en intention de lui profiter, non pas de rompre l'amitié, Amyot, Comment discerner le flatteur, 21. Il s'adressa à un de ses familiers qui faisait le plus de mine de s'en condouloir et contrister avec lui, Amyot, De la tranquillité d'âme, 15. Et si ennuy me venoit contrister…, Marot, III, 78.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. contristar ; ital. contristare ; du latin contristare, de cum, et tristis, triste.