« cran », définition dans le dictionnaire Littré

cran

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cran [1]

(kran) s. m.
  • 1Petite entaille dans un corps dur servant à y accrocher ou y arrêter quelque chose. Le cran d'une arbalète. Hausser, baisser une crémaillère d'un cran.

    Fig. Chacun d'eux [des courtisans] la monte [leur lâche politique] et la baisse à son cran, Retz, V, 390.

    Monter, descendre d'un cran, passer à quelque chose de supérieur ou d'inférieur. Il méritait bien de monter d'un cran, Sévigné, 256. Nous sommes baissées d'un cran, madame Bertrand, nous donnons dans le bas bourgeois, Dancourt, Moul. jav. sc. 4. Mon amour veut dompter des cœurs d'un plus haut rang, Je prends un vol plus fier et suis haussé d'un cran, Regnard, Ménech. IV, 2. De faux brillants, trop de magie Mettent le Tasse un cran plus bas, Voltaire, Goût. Du reste, que j'aie abandonné les échecs, ou qu'en jouant je me sois remis en haleine, je n'ai jamais avancé d'un cran depuis cette première séance, Rousseau, Conf. V.

  • 2 Terme d'imprimerie. Petite entaille ou canal qui est vers le bas de chaque caractère et qui se fait dans la fonte même.
  • 3 Terme de marine. Entaille sur le bourrelet d'une bouche à feu.

    Mettre un vaisseau en cran, le mettre en carène ou lui donner le radoub.

  • 4 Terme de métallurgie. Défaut d'un métal mal forgé ou mal étiré.
  • 5Nom de certains replis ou inégalités que les chevaux ont aux chairs du palais, et où l'usage est de les saigner lorsqu'ils ont la bouche échauffée.
  • 6Morceau d'étoffe que le tailleur ajuste au derrière d'un habit.

HISTORIQUE

XVe s. Il convient qu'ils [les Écossais] entrent en l'evesché de Duram, ardant et exilant le païs ; ils feront bien grand cran en Angleterre, avant que nos ennemis soient pourveus, Froissart, liv. III, p. 330, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Wallon cren ; lombard, crena ; piémont. cran ; pays de Coire, crenna ; du latin crena, mot qui se trouve dans Pline. Il faut aussi prendre en considération le bas-allem. karn, s. m., entaille, bavarrois, krinnen, s. f., même sens. Crena dans Pline est une leçon douteuse ; mais on peut croire que les langues romanes, ayant ce mot, ajoutent quelque autorité au texte. Il n'est pas sûr que cran, dans l'exemple ci-dessus de Froissart, soit le même que le cran dont il s'agit ici ; mais il est certain que dans l'exemple suivant c'est un tout autre mot : Et quand les armes eussent esté accordées, et nous eussions aussi avisé et eslu les nostres, et de ce pris aux Sarrazins cran et ostages, et aussi livré, ce fust raison, Froissart, III, IV, 15. Il y avait en effet dans l'ancienne langue cran ou crand avec le sens de gage, de sûreté.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. CRAN. Ajoutez :
7Cran de mire, entaille pratiquée sur les bouches à feu pour déterminer la ligne de mire ou de visée.
8 Terme d'exploitation houillère. Crevasse par où se perdent les eaux.

Par extension, dérangement, cassure ou mouvement de la couche ; en ce sens, on dit aussi crain, qui pourtant indique des rejettements de couches moins considérables.