« dégarnir », définition dans le dictionnaire Littré

dégarnir

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dégarnir

(dé-gar-nir) v. a.
  • 1Ôter ce qui garnit. Dégarnir un appartement, une cheminée, une robe.

    Dégarnir une place, lui retirer une partie de sa garnison, de ses armes. S'ils s'engagent à défendre le défilé, ils seront obligés à dégarnir leurs quartiers, Relation de la campagne de Rocroi, dans RICHELET.

    Dégarnir un arbre, en couper les branches inutiles.

    Terme de marine. Dégarnir un vaisseau, en ôter les agrès.

  • 2Se dégarnir, v. réfl. Cesser d'être garni, fourni, pourvu. La salle se dégarnit de spectateurs. Les banquettes se dégarnissent, ceux qui les occupaient s'en vont. Cet arbre se dégarnit, il perd ses feuilles. Sa tête s'est promptement dégarnie, ses cheveux sont tombés de bonne heure. Chaque matin il fallait que nos soldats allassent au loin chercher la nourriture du soir et du lendemain ; et, comme les environs de Moscou se dégarnissaient de plus en plus, on s'écartait tous les jours davantage, Ségur, Hist. de Napol. VIII, 10.

    Diminuer les vêtements dont on est couvert. Il s'est enrhumé pour s'être dégarni trop tôt. Le temps est encore froid, il serait dangereux de se trop dégarnir.

    Se dessaisir de son argent comptant. En ce temps il est bon de ne pas trop se dégarnir.

HISTORIQUE

XIe s. Eh ! Saragoce, come es hui desguarnie, Ch. de Rol. CLXXXIV.

XIIIe s. Vo cor [votre personne] [vous] me presentastes, où onc n'ot vilenie ; Mais jà ere [j'étais] pour vous de mon cuer desgarnie, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 12. Il ne le trouva pas esbahi ne desgarni, ains se deffendirent les gens le roi bien et vigheureusement, Chron. de Rains, p. 42. Prenons denier et autre avoir, Si que nous vivons à honor Là où nous serons à sejor ; Quar la gent qui va desgarnie En estrange leu est honie, Rutebeuf, 313. Renart fait commun ban crier, Tout soient d'armes desgarni, Ren. t. IV, p. 219.

XIVe s. De tiex harnois là prendre seulent [ont coutume] Li desgarni, qui prendre veulent, Guiart, dans DU CANGE, artilleria. Lieux desgarniz de deffenses, Bercheure, f° 52, verso. Il ont dit un parler en commune raison, Que chastel desgarni ne vaut pas un bouton, Guesclin. 16462.

XVe s. Le royaume de France est si grand, et tant y a de bonne et noble chevalerie et escuyerie, qu'il n'en peut estre desgarni, Froissart, I, I, 315. Exceptez des desgarnis de foi et vuidez d'esperance, Chartier, Œuvres, p. 219, dans RAYNOUARD.

XVIe s. La republique insidiée d'ennemis, desgarnie d'amis, Du Bellay, M. 502. Il escrivit au senat en leur faveur, priant qu'on lui permist de remplir les bandes de son armée, à mesure qu'elles viendroient à se desgarnir, de ces pauvres hommes-là, Amyot, Marcellus, 18. Que je suis desgarni de force et de vertu ! Bertaut, p. 8, dans RAYNOUARD.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et garnir ; provenç. desgarnir, desguarnir ; espagn. desguarnecer ; ital. sguernire.