« durement », définition dans le dictionnaire Littré

durement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

durement

(du-re-man) adv.
  • 1D'une manière dure. Être couché durement.
  • 2D'une manière qui fait sur l'oreille l'effet d'un corps dur pour le toucher. Quand on aura dit qu'il versifie durement, tout sera dit, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 158, dans POUGENS.

    Dans un sens analogue, en peinture et en sculpture. Muscles durement exprimés.

  • 3 Fig. D'une manière qui agit sur les sentiments, sur le moral, comme un corps dur. Répondre durement. On condamne durement cette coutume des Lacédémoniens comme pouvant porter les jeunes gens à peu respecter en d'autres occasions le bien d'autrui, Rollin, Traité des Ét. liv. V, 3e part. ch. 2.
  • 4Avec austérité. Le religieux vivait très durement, Chateaubriand, dans le Dict. de BESCHERELLE.

HISTORIQUE

XIe s. N'i a celoi qui durement ne plort, Ch. de Rol. CXXXV.

XIIe s. Par Mahomet, ferez [frappez] i durement, Ronc. p. 129. [Elle] ot un anel où durement se fie, ib. p. 162. Lors vous truis [trouve] je cruel si durement, Couci, X. Quant ot [ouït] li reis Henris, [que] l'arcevesques s'en fui, Durement s'en marri, e si conseillier tuit, Th. le mart. 63. E vit une dame ki se baignoit en un solier del altre part ; si fud durement belle, Rois, 154.

XIIIe s. Dont ce fu moult grant damage, quar moult estoient preudome et vaillant durement, Villehardouin, XXI. Quant il oïrent que li marchis venoit, si alerent encontre li, et l'ennorerent moult durement, Villehardouin, XXVII. Moult i ot de ceus qui mauvaisement le tindrent, dont il furent moult durement blasmé, Villehardouin, XXII.

XVe s. Et en abattirent ce jour, si comme on dit, plus de soixante [ennemis] ; car ils estoient grands et forts chevaliers durement, Froissart, I, I, 31. Si en virent nullui [les Escots avaient décampé pendant la nuit], dont ils [les Anglais] furent moult durement esbahis, Froissart, I, I, 42.

XVIe s. Il traittoit ses subjects durement et violentement, Amyot, Pyrrh. 8.

ÉTYMOLOGIE

Dure, et le suffixe ment ; provenç. duramen, durament ; espagn. et ital. duramente. Dans tout le moyen âge, durement signifie souvent beaucoup, très, fort ; il a gardé ce sens dans le langage populaire de quelques provinces : nous avons durement marché. De même on y dit avec l'adjectif : nous avons fait un dur feu, un bon feu ; c'est une dure terre, une terre bonne et productive.