« durée », définition dans le dictionnaire Littré

durée

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

durée

(du-rée) s. f.
  • 1 Absolument. La continuation indéfinie. L'espace et la durée. Pour suivre dans cette ouverture que l'Écriture nous donne, que chacun contemple cette durée infinie qui le précède et qui le suit, et qu'y voyant sa vie renfermée, il regarde ce qu'elle en occupe, Nicole, Ess. de mor. 1er traité, ch. III.
  • 2Espace de temps que dure quelque chose. La durée d'un règne. Vous avez résolu de nous voir demeurer En une obscurité d'éternelle durée, Malherbe, IV, 3. Que tout ce qui m'a plu doit être de durée, Corneille, D. Sanch. III, 4. Votre félicité sera mal assurée Dessus un fondement de si peu de durée, Corneille, Perthar. III, 2. Nos termes sont pareils par leur courte durée, La Fontaine, Fabl. XI, 8. Mais hélas ! tout ce qu'elle aimait devait être de peu de durée, Bossuet, Anne de Gonz. J'en ai trop prolongé la coupable durée [de ma vie], Racine, Phèd. I, 3. Même tu leur promis de ta bouche sacrée Une postérité d'éternelle durée, Racine, Esth. I, 4. En ce temple où tu fais ta demeure sacrée, Et qui doit du soleil égaler la durée, Racine, Athal. III, 7. Par la suite des temps et par la durée des siècles, Massillon, Car. Confess. Cette grande puissance temporelle des papes en Italie ne fut pas de durée, Voltaire, Mœurs, 49.

    De durée, loc. adv. signifiant qui résiste à l'usure, à la fatigue. Une étoffe de durée. Tout homme qui s'essouffle dans le travail fait plus que sa force ne lui permet, et par conséquent n'est pas bon ouvrier, c'est-à-dire ouvrier de durée, La Quintinye, Jardins, I, 4.

SYNONYME

TEMPS, DURÉE. La durée ne présente d'autre idée que celle d'une persistance. Le temps y ajoute l'idée du nombre ; c'est une persistance ou une durée évaluée ; et de là vient que, quand on passe à l'éternité qui est infinie, on supprime bien l'idée du temps, mais on ne peut pas supprimer celle de la durée. En d'autres termes, les choses auraient une durée, quand même nous ne saurions la rapporter à aucune unité ; mais le temps proprement dit n'y serait pas, puisqu'il serait impossible de nombrer cette durée.

HISTORIQUE

XIIe s. L'ame s'en part, n'i put avoir durée, Ronc. p. 147. Car joie a courte durée, Qui avient par tel folor, Couci, I.

XIIIe s. [Elle] Ne peüst vers tel peine avoir nule durée [résister à une telle peine], Berte, XLVI. Nulz n'est seürs d'avoir longue durée ; Se vous moriez ains que fussiez amez, Sans joie avoir, auriez vo vie usée, Cunelier, dans Bibl. des Chartes, 4e série, t. V, p. 38. Ge et toutes autres creatures avomes corte durée, Psautier, f° 120. Si a danz Nobles li Lions Novelement la pes [paix] jurée, Se Dieu plaist, qui aura durée, Ren. 1750.

XVe s. Et ne purent oncques les Escots avoir vicioire ni durée contre lui [Édouard 1er], Froissart, I, I, 2.

XVIe s. Un ouvrage de longue durée, Amyot, Péric. 26. Ainsi l'amour tardive est de longue durée, Ronsard, 239. Tout terme qui finit n'a pas longue lurée, Ronsard, 675.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. durada ; ital. durata ; d'un part. passif latin durata, de durare (voy. DURER).