« empêtrer », définition dans le dictionnaire Littré

empêtrer

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empêtrer

(an-pê-tré. Au XVIIe siècle on écrivait empestrer ; et Chifflet, Gramm. p. 238, remarque que cette s se prononçait) v. a.
  • 1Lier les jambes d'un cheval que l'on met en pâture.

    Embarrasser les pieds dans des liens ou filaments. …sa toison Était d'une épaisseur extrême… Elle empêtra si bien les serres du corbeau Que le pauvre animal ne put faire retraite, La Fontaine, Fabl. II, 16. Je jurerais que les enchanteurs qui me poursuivent ont résolu de m'empêtrer dans ces filets et d'arrêter mon voyage, Don Quichotte, t. IV, dans RICHELET.

  • 2 Fig. Embarrasser. Pourquoi m'avez-vous empêtré de cet homme-là ? Empêtrer quelqu'un dans une méchante affaire, l'y compromettre.
  • 3S'empêtrer, v. réfl. S'embarrasser. Ce cheval s'est empêtré dans les traits. Le renard va visiter les lacets, les gluaux, emporte successivement les oiseaux qui se sont empêtrés, Buffon, Renard. Les bœufs s'empêtrèrent et firent pencher l'arche, Voltaire, Philos. IV, 330.

    Fig. et familièrement. S'empêtrer dans de mauvaises spéculations.

HISTORIQUE

XIIe s. E des autres [prisonniers] si granz plentez, Que del tierz u de la meitié Fussent il assez enpaistrié Del ostoier [de loger] et del garder, Benoit de Sainte-Maure, II, 2594.

XIVe s. Bien cuidoit li rois Pietres empietrer vilonnie Au noble roi Henri et à sa baronnie, Guesclin, 16584.

XVe s. Si furent là nos gens moult empestrés, et toutefois passerent oultre, Boucic. I, 24.

XVIe s. Ces sçavantaux vont s'empestrant et embarrassant sans cesse, Montaigne, I, 146. Comme l'oiseau enretté, plus il tasche en fretillant de se defiler, et plus il s'empietre, Yver, p. 581. Battre à coups de fouet [les bestes qu'on veut dompter] et les tenir empestrées, Amyot, Fab. 41.

ÉTYMOLOGIE

Norm. empaturer ; ital. impastoiare, empêtrer ; du bas-latin pastorium, pastoria, entraves, de pastor, pasteur (voy. PÂTRE, et comparez PATURON). L'étymologie de in petra, en pierre, pour empestrer ne peut se soutenir ; mais il est très probable que empietrer, qui se trouve au XIVe siècle et au XVIe, en vient, et qu'il y a eu confusion d'empietrer et d'empestrer.