« escrimer », définition dans le dictionnaire Littré

escrimer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

escrimer

(è-skri-mé) v. n.
  • 1S'exercer à faire des armes.

    Faire le coup d'épée. Avoir escrimé dans quelques combats particuliers n'est point du tout une preuve sûre qu'on a véritablement de la valeur, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvres, t. III, p. 220, dans POUGENS.

  • 2 Par extension et familièrement. Agiter, mouvoir comme on fait avec un fleuret. Puis escrima de l'encensoir, Scarron, Virg. v.
  • 3Faire tous ses efforts. Mais si bien il escrimera Que de tout à bout il viendra, Scarron, Virg. 1.
  • 4 Familièrement. Disputer contre quelqu'un sur une matière d'érudition, de science, etc. Il y a plaisir à voir deux savants escrimer l'un contre l'autre.
  • 5S'escrimer, v. réfl. Terme familier. Se battre. Il s'escrimait de sa canne et parait les coups de balai. L'un s'escrimait du bec, l'autre jouait des pattes, La Fontaine, Fabl. XII, 2.

    Fig. S'escrimer des pieds et des mains, faire les plus grands efforts. Car chacun s'escrimait et des pieds et des mains, Régnier, Sat. X.

    Se disputer. Laissons-les donc entre eux s'escrimer en repos, Boileau, Art p. III.

  • 6S'exercer, s'appliquer à. S'il s'est heureusement escrimé du pinceau, Scarron, Jodelet ou Le maître valet, I, 1. Tel que vous me voyez, je m'en escrime [de poésie] un peu, Molière, Préc. 10.

    Populairement. S'escrimer des mâchoires ou de la mâchoire, s'escrimer des dents, bien manger.

HISTORIQUE

XIIe s. Et escremissent cil bacheler legier, Lancent et gitent por lor cor essaier, Ronc. p. 6.

XVe s. …Il, qui estoit tout nu et depourvu, et ne portoit fors un coutel, espoir [à peu près] de deux pieds de long, trait le coutel et commence à estremir, Froissart, III, IV, 28.

XVIe s. Nous ne serons jamais bons amis que nous n'ayons un peu escrimé ensemble, Lanoue, 564. Le regiment de M. d'Yvoy s'escrima encor mieux [au pillage] que les deux autres, Lanoue, 575. Je luy appris à tourner les talons en dedans, à escrimer des deux bras [les balancer], à s'amonceler le ventre, D'Aubigné, Conf. II, 1.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. escrimir, escremir ; catal. esgrimar ; espagn. et portug. esgrimir ; ital. schermire ; du germanique : anc. haut allem. skirm, skerm, bouclier, défense. Comp. ESCARMOUCHE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ESCRIMER. Ajoutez :
7S'escrimer d'un mot, en user à tort et à travers. Or pour maintenant ne se dit point ; ce mot est la cheville ordinaire des vieux poëtes français ; surtout du Bellay s'en est fort escrimé, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.