« grivois », définition dans le dictionnaire Littré

grivois

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grivois

(gri-voî) s. m.
  • 1Au XVIIe siècle, soldat de certaines troupes étrangères au service de France, et, par extension, soldat. Quand ils ont à leur tête un joli général, Il n'est pour les grivois point de plaisir égal, Boursault, Mots à la mode, sc. X. Ma foi, vive la pipe, c'est le salut du grivois, la Fille savante, 1690, dans Théâtre italien de GHERARDI, t. III, p. 69. Pour t'avoir, le grivois te guette, l'École des amours grivois, sc. I, 1744, dans FR. MICHEL, Argot. Par la sambleu, quoique grivois, Je suis constant comme un bourgeois, ib. sc. 2. Toujours prêt, comme le grivois, De brusquer un friand minois, Jacques Moreau, Suite du Virgile travesti, VIII. Son adversaire choisit pour le sien un grivois de ses amis, Lesage, Est. Gonz. ch. 46.

    S. f. Grivoise, femme qui vit avec les soldats. Cette cantinière est une bonne grivoise.

  • 2Aujourd'hui, homme ou femme d'un caractère libre, entreprenant, alerte à toute chose. C'est une grivoise. Orfévres, marchands drapiers, Épiciers, aussi droguistes, Vous-mêmes, petits merciers, Grimaud vous suit à la piste ; Car vous êtes des grivois Avec tous vos petits poids Et la fausse mesure, Chanson sur les corps de métiers, dans FR. MICHEL, Argot. Mais force fut au grivois dépité D'être conduit au gîte détesté, Gresset, Vert-Vert, III. Un essaim de grivois Buvant à leurs mignonnes, Béranger, Grande orgie.
  • 3 Adj. Grivois, grivoise, d'une humeur libre et hardie ; leste en propos et en actions. Des buveurs grivois Les femmes lui cherchaient querelle, Béranger, Mad. Grég.

    Il se dit des choses dans le même sens. C'est lui qui fait toutes les chansons grivoises que son maître vous chante quelquefois, Dancourt, 2e chap. du Diable boit. II, 2. Les saillies de Piron et le ton grivois de Crébillon me plurent beaucoup, Duclos, Mém. Œuv. t. x, p. 40, dans POUGENS. Il n'est pas douteux que les chansons militaires, ou grivoises, distraient et délassent l'esprit du soldat au milieu des fatigues, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 191, dans POUGENS. On sait qu'avec beaucoup de noblesse et de fierté dans l'âme, le maréchal de Saxe avait les mœurs grivoises, Marmontel, Mém. IV. Ce théâtre [les Variétés] jouera seul les pièces qu'on appelle grivoises, c'est-à-dire sales, Courier, Livret.

ÉTYMOLOGIE

Grivoise, râpe à tabac. La grivoise s'introduisit parmi les troupes, fit mode, et ceux qui s'en servirent reçurent le nom de grivois.