« habitation », définition dans le dictionnaire Littré

habitation

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

habitation

(a-bi-ta-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Action d'habiter un lieu, séjour que l'on y fait habituellement. L'habitation de cette maison est malsaine. L'Écriture nous dit que l'habitation terrestre abaisse l'esprit qui pense à plusieurs choses, Nicole, Ess. mor. 1er traité, ch. 10. Vous avez donc changé d'habitation : je vous souhaite, quelque part que vous soyez, autant de bonheur que de talents, Voltaire, Lett. la Harpe, 29 sept. 1772.

    Il se dit des animaux. Le tigre fait son habitation dans les contrées brûlantes.

  • 2L'endroit où l'on demeure, domicile, maison. Cette habitation me plaît. Ce n'étaient point des barbares cherchant de meilleurs climats, des habitations plus commodes, des spectacles plus enivrants, de plus grandes richesses, Ségur, Hist. de Nap. IX, 7. Il laissa derrière lui quelques cosaques pour brûler les fourrages ; les habitations furent respectées, Ségur, ib. VI, 2.

    Terme de jurisprudence. Droit d'habitation, droit de demeurer dans la maison d'autrui sans payer de loyer. Celui qui a un droit d'habitation dans une maison peut y demeurer avec sa famille, Code Nap. art. 632.

    Terme d'ancienne législation. Habitation en cas de survie, droit que l'on conférait, par contrat de mariage, à la femme, dans le cas où elle survivrait à son mari, d'habiter la maison conjugale ou une maison propre au mari.

  • 3 Terme d'histoire naturelle. Climat que chaque être vivant préfère. On ne doit pas confondre l'habitation avec l'habitat, qui est un lieu spécial, tandis que l'habitation est un climat, une région.

    L'habitation d'un animal, les lieux qu'il fréquente habituellement.

  • 4L'établissement qu'une colonie forme dans un pays éloigné. Les Français ont établi une nouvelle habitation au Canada.

    Par extension, bien possédé par un particulier aux colonies. Il avait cent nègres sur son habitation.

  • 5Avoir habitation avec une femme, avoir avec elle un commerce charnel.

    Il se dit aussi des animaux. Ceux [œufs] qu'elle [la poule] a produits dans le temps de son habitation avec le mâle, Buffon, Hist. anim. Œuv. t. IV, p. 77.

HISTORIQUE

XIIe s. Il establirent cited d'abitaciun, Liber psalm. p. 166. Que deviendront lors vos maisons, Vos beles habitations ? Adam, Mystère, p. 76. Cil de Jerusalem s'en foïrent, et devint Jerusalem habitacions d'estranges, Machabées, I, 1.

XIIIe s. Il [le phénix] vole et s'en va à son leu [lieu] là où s'abitacions est, Latini, Trésor, p. 214. Amphion… par ses bones paroles retraist les homes des sauvages roches où il habitoient, et les amena à la commune habitation de cité, Latini, ib. p. 469.

XIVe s. Hostelier doit savoir que quiconques est entré en sa maison pour hosteller et fait son habitation de la maison son hoste…, J. de Vignay, Eschecs moralisés, f° 68, verso.

XVIe s. Combien que l'apostre enseigne que Jesus Christ habite en nos cœurs par foy, neantmoins personne n'interpretera que ceste habitation est la foy mesme, Calvin, Inst. 1097. Il lui sera necessaire d'entretenir ses logis et maisons d'habitation, De Serres, 1402.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et esp. habitacion ; ital. abitazione ; du lat. habitationem, de habitare, habiter.