« idiot », définition dans le dictionnaire Littré

idiot

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

idiot, ote

(i-di-o, o-t') adj.
  • 1Dépourvu d'intelligence. Ils rejetèrent cette friponnerie sur Ésope, ne croyant pas qu'il se pût jamais justifier, tant il était bègue et paraissait idiot ! La Fontaine, Vie d'Ésope. Ce n'est point du tout pour faire une mauvaise plaisanterie qu'on a remarqué qu'idiot signifiait autrefois isolé, retiré du monde, et ne signifie aujourd'hui que sot, Voltaire, Quelq. niais, ch. XX.

    Se dit aussi en parlant des choses. Les lois des Wisigoths sont puériles, gauches, idiotes, Montesquieu, Espr. XXVIII, 1. Quand je dirai que parmi les chrétiens il y a eu plus de cent mille victimes de cette jurisprudence idiote et barbare [les procès faits aux prétendus sorciers], et que la plupart étaient des femmes et des filles innocentes, je ne dirai pas encore assez, Voltaire, Polit. et législat. Avis au public, Exemples de fanatisme. Le dévouement doit toujours être un peu idiot ; cela plaît bien plus à un maître que ces gens qui tranchent du capable, Courier, Livret I, n° 3.

  • 2 Substantivement. Celui, celle qui manque d'intelligence. Pauvres gens ! idiots ! couple ignorant et rustre, La Fontaine, Fabl. III, 1. Cet idiot, qui, de sa vie, n'a fait à propos une démarche pour lui, donnait les meilleurs conseils du monde, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 333. C'est un vieux idiot, un homme qui végète, Qui ne sait ce que c'est que de rien refuser, Et dont, comme il lui plaît, elle peut disposer, Destouches, Diss. V, 9. Taisez-vous, idiote, lui dit Mme Dutoux, qui vit que j'étais fâchée, Marivaux, Marianne, 1re part.

    En médecine, celui qui est affecté d'idiotie.

    S. m. pl. Nom que l'on donnait aux frères convers qui ne savaient pas lire.

HISTORIQUE

XIIIe s. [Le moine] Qui tous est soz et ydiotes, G. de Coinsi, Du cierge.

XIVe s. Et pour ce nul ne peut ignorer, se il n'est insensible ou ydiot, que universellement touz habiz [habitudes] sont faiz et causez par ouvrer, Oresme, Eth. 77. Ydiot et non advenable en gouvernement du royaume, Chr. de St Denis, t. II, f° 60, dans LACURNE.

XVIe s. Il n'y a rien en quoy tant les savans que les idiots soyent plus discordans, Calvin, Instit. 23.

ÉTYMOLOGIE

Lat. idiota, ignorant, sans instruction, dérivé de ἰδιώτης, qui, signifiant particulier, par opposition à magistrat, a fini par signifier homme du peuple, homme ignorant, et vient de ἴδιος, particulier.