« impertinence », définition dans le dictionnaire Littré

impertinence

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

impertinence

(in-pèr-ti-nan-s') s. f.
  • 1Caractère de ce qui n'est pas pertinent, de ce qui choque par la déraison ou par l'inconvenance. Quelque fois ton esprit, s'élevant jusqu'aux cieux, De cette haute extase où j'occupe ses yeux, Retombe tout à coup dans quelque impertinence, Corneille, Imit. II, 6. Le valet lui faisait comprendre à tous coups l'impertinence de ses propositions, Molière, Scapin, III, 3. Il y a deux choses dans les erreurs [touchant la religion] : l'impiété, qui les rend horribles, et l'impertinence, qui les rend ridicules, Pascal, Prov. X. Elle a les meilleurs sentiments du monde ; j'admire que cela puisse être gâté par l'impertinence de son esprit et la ridiculité de ses manières, Sévigné, 13 oct. 1675. Pouvait-on garder le respect qui est dû aux choses divines, au milieu des impertinences que contenaient les fables, dont la représentation ou le souvenir faisaient une si grande partie du culte divin ? Bossuet, Hist. II, 5. Je crois pour moi que ce sont ces impertinences et les profanations du saint livre de l'Apocalypse, qu'on voyait croître sans fin dans la nouvelle réforme, qui firent que les ministres eux-mêmes, las de les entendre, résolurent dans le synode national de Saumur : Que nul pasteur etc…, Bossuet, Var. XIII, 55. Chaque pays a ses impertinences légales, et ses délits de temps et de lieu, Voltaire, Dict. phil. Crimes.

    Chose, action impertinente, sottise. Je suis une sotte, j'ai offensé la géographie : vous ne passez pas à Moulins, la Loire n'y va point ; je vous demande excuse de mon impertinence, Sévigné, 23 oct. 1676. S'il y a à Paris quelque bonne et grave impertinence, ne me la laissez pas ignorer, Voltaire, Corresp. d'Alemb. lett. 75. La première [la plus forte] des impertinences humaines, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 17 sept. 1764.

  • 2Caractère de celui qui choque par des manières pleines de fatuité et de dédain. Mais dès qu'il fut monsieur le président, Il fut, ma foi, gonflé d'impertinence, Voltaire, Enf. prod. I, 1. A-t-on vu quelque part un fonds d'impertinence De cette force-là ? Gresset, Méchant, III, 10. Si Laharpe avait en génie Ce qu'en impertinence il a, Je conviens que ce Pradon-là Vaudrait l'auteur d'Iphigénie, Lebrun, (ÉCOUCHARD), Épigr. contre Laharpe.

    Ironiquement et par antiphrase. Depuis l'impertinence que j'ai eue de faire de grands établissements dans un malheureux village au bout de la France, Voltaire, Lettres en vers et en prose, 175.

    Il se dit aussi des choses. Ces mots remplis d'impertinence Eurent le sort qu'ils méritaient, La Fontaine, Fabl. VIII, 19.

    Paroles et actions impertinentes. Il m'a fait cent impertinences. Vous ne sauriez ouvrir la bouche que vous ne disiez une impertinence, Molière, Comt. d'Esc. sc. 6. Ne suis-je pas bien fat de vouloir raisonner ? Trêve donc, je vous prie, à vos impertinences, Que je n'entende plus vos sottes doléances, Molière, Sgan. 1. Une entrevue est convenue entre vous et Mlle de Passerot ; manquer de parole serait une impertinence sans excuse, Ch. de Bernard, la Femme de 40 ans, § 2.

HISTORIQUE

XVe s. Subtilisoit mille delaiz, subterfuges et exoines, sans donner le contentement reciproque au mariage, ainsi que le devoir l'obligeoit, ains s'armoit de mille excuses, fondées ou sur la saincteté des jours ou sur l'impertinence du temps, 53e arrest d'amour, p. 482, dans LACURNE.

XVIe s. Socrates veult leur montrer leur impertinence, plus que l'impertinence de leur art, Montaigne, IV, 42.

ÉTYMOLOGIE

Impertinent.