« incognito », définition dans le dictionnaire Littré

incognito

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incognito

(in-ko-gni-to ; quelques personnes prononcent in-kogh-ni-to, mais moins bien, le mot étant italien) adv.
  • 1Sans être connu, en parlant de princes et de grands personnages qui, en pays étranger, ne voulant pas être connus ou traités selon leur rang, n'ont ni train ni marques ni distinctions, et le plus souvent prennent un autre nom que le leur. Le césar Joseph, comme Votre Majesté l'appelle, est actuellement, dit-on, incognito à Versailles, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 29 juin 1781.

    Il se dit aussi de toute autre personne qui, se trouvant dans une ville, dans un endroit, ne veut pas y être connue, ou ne veut pas qu'on sache qu'elle y est. De nuit, incognito, je rends quelques visites, Corneille, Ment. I, 5. Pour aller incognito en des lieux de débauche, Pascal, Prov. VI. Paix, ne fais pas semblant de me voir ; je suis ici incognito, Dancourt, la Parisienne, sc. 5.

    Substantivement. Guillaume III, roi d'Angleterre, eut pour lui [le czar Pierre charpentier] toute la considération réelle qui lui était due ; l'incognito ne retrancha que la fausse et l'apparente, Fontenelle, Czar Pierre. Le duc de Toscane garda l'incognito ; mais, ce nonobstant, le roi voulut le distinguer, et qu'il baisât Mme la duchesse de Bourgogne, Saint-Simon, 54, 152.

  • 2Sans être aperçu, sans que la chose soit sue. Je ris incognito d'abord que le vois ; Je ne puis m'en tenir, Boursault, Ésope, I, 1. Combien incognito de livres défendus Dans l'arrière-boutique ont-ils été vendus ! Boursault, Ésope, dans RICHELET. Nous disons bien des sottises qui passent incognito, Montesquieu, Lett. pers. 54. Si un moine, avec du charbon, du soufre et du salpêtre, a changé l'art de la guerre dans tout ce vilain globe, pourquoi un barbouilleur de papier comme moi ne pourrait-il pas rendre quelque petit service incognito ? Voltaire, Lett. Richelieu, 18 juin 1757. Je suis honteux de ne me présenter devant mes amis qu'avec un estomac faible et un esprit chagrin ; je ne veux vous donner que mes beaux jours et ne souffrir qu'incognito, Voltaire, Lett. Mme de Bernières, juill. 1722.

    Substantivement. Je veux vous devoir tout le plaisir de l'incognito, et tout le succès du théâtre et de l'impression, Voltaire, Lett. Berger, 18 oct. 1736.

    Au plur. Des incognitos.

REMARQUE

1. Incognito est fort bon, et fort en usage, dit MARG. BUFFET, Observ. p 62, 1668.

2. On a dit parfois dans le XVIIe siècle incognite : On dit que le duc de Meckelbourg se trouva incognite au disner, Le Laboureur, Voy. de la reine de Pologne, p. 112, dans LACURNE.

3. On disait autrefois desconnu (voy. DÉCONNU, à l'historique).

ÉTYMOLOGIE

Ital. incognito, de in… 1, et cognito, connu, du lat. cognitus, participe passif de cognoscere, connaître (voy. CONNAÎTRE).