« inquiéter », définition dans le dictionnaire Littré

inquiéter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

inquiéter

(in-ki-é-té. La syllabe é prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : J'inquiète ; excepté au futur et au conditionnel : j'inquiéterai, j'inquiéterais) v. a.
  • 1Priver de repos, de quiétude, agiter. Et depuis qu'une fois elle [l'ardeur de régner] nous inquiète, Corneille, Nicom. II, 1. Dans le temps même où les huguenots attiraient une attention sérieuse, le jansénisme inquiéta la France plus qu'il ne la troubla, Voltaire, Louis XIV, 37.
  • 2Susciter quelque mauvaise affaire, quelque trouble. Il est inquiété pour une vieille affaire politique. Il avait pris la sage précaution d'envoyer à Larisse brûler tous ses papiers, afin que les Romains ne fussent point en état d'inquiéter aucun de ses amis, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VIII, p. 276, dans POUGENS. Il n'était pas aussi facile qu'on le croyait d'inquiéter l'auteur de Zaïre, d'Alzire, de Mérope et de Mahomet, Marmontel, Mém. III.

    Troubler quelqu'un dans la possession d'une chose. On l'inquiète sur la légitimité de son titre. Il fut inquiété dans la possession de cette terre.

    Absolument. Si l'on m'inquiète, je ferai assigner mon vendeur en garantie.

  • 3Faire des démonstrations hostiles, des attaques pour troubler une armée, une province, une ville forte. Fabius jugea bien qu'Annibal serait obligé de prendre pour son retour le même chemin par lequel il etait venu, et qu'il serait facile de l'inquiéter dans sa marche, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 424, dans POUGENS. Ces agrestes guerriers dont l'audace indiscrète Pourrait inquiéter leur marche et leur retraite [des Perses], Voltaire, Scythes, IV, 1. Les Turcs étaient toujours maîtres de la Hongrie jusqu'à Bude, et inquiétaient le reste, Voltaire, Ann. Emp. Charles-Quint, 1556. Comme les chaloupes chargées de cet approvisionnement pouvaient être inquiétées, il fallut poster, pour les soutenir, un corps de quinze cents hommes…, Raynal, Hist. phil. IX, 16.
  • 4Causer de l'agitation, en raison d'une crainte quelconque. Et qui n'a pas pour feindre assez de liberté Tant que pour son objet il est inquiété, Corneille, Théod. III, 5. Il ne faut pas inquiéter un pénitent sur le passé, Bossuet, Lett. abb. 12. L'avenir l'inquiète et le présent le frappe, Racine, Esth. II, 3.

    Absolument. Enfin son talent [de Hume], sa réputation deviennent assez éclatants pour inquiéter sur ses doctrines, Villemain, Littér. fr. 18e siècle, 2e part. 3e leçon.

  • 5S'inquiéter, v. réfl. Avoir l'esprit agité, en raison de quelque crainte. Et de quoi s'inquiète un cœur qui la méprise ? Corneille, Sertor. IV, 1. Votre zèle pour moi s'est trop inquiété, Molière, Tart. III, 3. Vous avez très bonne grâce de vous inquiéter sur la conservation d'une personne si considérable [le cardinal de Retz], et à qui vous devez tant d'amitié, Sévigné, 26 août 1677. Un songe (me devrais-je inquiéter d'un songe ?), Racine, Athal. II, 5. Cléopatre ne s'inquiétait pas plus des superstitions de l'Égypte qu'Hérode de celles de la Judée, Voltaire, Défense de mon oncle, ch. XX.

HISTORIQUE

XIIe s. Fist Samuel al rei : Pur quei m'as inquieted e traveilled e que seie resuscited ? Rois, p. 110.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. inquietar ; ital. inquietare ; du lat. inquietare, de inquietus, inquiet.