« ire », définition dans le dictionnaire Littré

ire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ire

(i-r') s. f.
  • Terme vieilli. Courroux, colère. Un cœur où l'ire juste et la gloire commande, Malherbe, II, 5. Je n'aperçois partout que de tristes présages, Qui de l'ire du ciel m'apportent les messages, Tristan, M. de Chrispe, III, 1. … l'âme pécheresse Que tu rends toute vide à sa fragilité, Et que ton ire vengeresse Punit dès ici-bas par cette inanité, Corneille, Imit. III, 3. Quand quelque dieu, voyant ses bontés négligées, Nous fait sentir son ire, un autre n'y peut rien, La Fontaine, Fill. de Minée. Ils ont amassé un trésor d'ire pour le jour terrible du jugement, Maucroix, Schisme, livre II, p. 274, dans RICHELET. Vous pouvez avec lui [orviétan] braver en assurance Tous les maux que sur nous l'ire du ciel répand, Molière, Am. méd. II, 7. La punition exemplaire de ce prince [Henri II], qui seule put apaiser l'ire de Dieu, Bossuet, Var. VII, conclusion.

    Il se dit quelquefois dans la poésie familière. Le vieillard me paraît un peu sujet à l'ire ; Pour en venir à bout, il faudra batailler, Regnard, Fol. amour. I, 7.

REMARQUE

Ce mot vieilli est pourtant très bon, et Lamartine n'a pas hésité à s'en servir : L'ire du Seigneur, rude mais salutaire, Joc. IX, 305.

HISTORIQUE

XIe s. Ce dist Rolans : purquei me portez ire ? Ch. de Rol. CXXIX.

XIIe s. Saisne [les Saxons] lui courent sus par vertu et par ire, Sax. X. Nostre seignur le rei en ire ne metez, Th. le mart. 39. Ainsi [l'amour] me fait vivre mesléement D'ire et de bien…, Couci, VIII.

XIIIe s. Dame, je lais ma fille dolente et pleine d'ire, Berte, XI. Oncques mès nus [nul] en tel martire Ne fu, ne n'ot ausinc [aussi] grant ire Cum il sembloit que ele eüst, la Rose, 304.

XVe s. Encourir l'yre de Dieu, Commines, V, 9.

XVIe s. Il n'estoit pas seulement ainsi ferme et roide pour resister à faveur et à grace seulement, mais aussi à ire et à haine semblablement, Amyot, Arist. 8. Pyrrhus passionné d'ire et de douleur…, Amyot, Pyrrhus, 70. Pyrrus convertissant grande partie de sa douleur en ire et courroux contre les ennemis…, Amyot, ib. 71.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. espagn. portug. et ital. ira ; du lat. ira, colère.