« jument », définition dans le dictionnaire Littré

jument

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

jument

(ju-man) s. f.
  • 1La femelle du cheval. Lorsqu'un franc campagnard avec longue rapière, Montant superbement sa jument poulinière, Qu'il honorait du nom de sa bonne jument, Molière, Fâch. II, 7.

    Terme de haras. Jument vide, celle qui n'a pas été fécondée par l'étalon.

  • 2Nom d'un instrument qui servait à faire la monnaie au moulin, avant l'invention du balancier ; les faux monnayeurs s'en servent encore, c'est une espèce de fer à gaufrer qui fait et marque en même temps la pièce.

    PROVERBE

    Jamais coup de pied de jument ne fit mal à cheval, c'est-à-dire les hommes prennent en bien et comme des galanteries ce que les femmes peuvent faire contre eux, surtout les coups que les femmes leur donnent.

HISTORIQUE

XIIe s. Cumparez est li huem [l'homme] as jumenz [bêtes de somme] nun savanz, Liber psalm. p. 64. [Il] N'ot pas destrier, ainz chevauche jument, Bat. d'Aleschans, V. 5988.

XIIIe s. Les jumenz, ce est les grosses bestes d'eus [Égyptiens], Psautier, f° 95. Et s'en ala le cheval couvert de ses armes à nos ennemis, pource que le plus des Sarrazins estoient montez sur jumens ; et pour ce trait le cheval aus Sarrazins, Joinville, 218.

XVe s. Une bonne jument du prix de quatre livres tournois, Delisle, Agriculture normande, p. 138. Qui que saille nostre jument, le poulain est nostre, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 178. Boirai-je simplement Ce que boit ma jument [de l'eau] ? Basselin, XXIV.

XVIe s. Le gros bestail nous aide au port, au charroi, et au labourage, à telle cause dict jument, du mot latin juvare, et bien que ce titre soit particulierement donné à la femelle du cheval, De Serres, 259. Amprès que le duc d'Albe desassiegea [leva le siége de] Sanjac [Senthià], M. le marechal Brissac ne fut pas plus heureux au siege de Coni : si bien que, si les François leur reprochoient Sanjac, ils nous reprochoient Coni : à beau jeu, beau retour, et ainsy ils se rendoient la jument, Brantôme, le Maréchal de Brissac, t. III, p. 73.

ÉTYMOLOGIE

Berry, jement, jument, cheval, bête de somme ; provenç. jument ; espagn. jumenta ; portug. jumento, jumenta ; ital. giumento, giumenta ; du lat. jumentum, bête de somme, dont le nom s'est particularisé à signifier la cavale ; c'est ainsi qu'en grec moderne ἄλογον, qui veut dire proprement l'animal sans raison, a pris le sens spécial de cheval. Jumentum est la contraction de jugmentum, action de lier, de joindre, de jungere, joindre, jugum, joug.