« magnanime », définition dans le dictionnaire Littré

magnanime

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

magnanime

(ma-gna-ni-m') adj.
  • 1Qui a l'âme grande. Charles 1er, roi d'Angleterre, était juste, modéré, magnanime, Bossuet, Reine d'Anglet. Anne, la magnanime, la pieuse, que nous ne nommerons jamais sans regret, la reçut [Henriette] d'une manière convenable à la majesté des deux reines, Bossuet, ib. Que doit faire un prince magnanime Qui veut combler d'honneur un sujet qu'il estime ? Racine, Esth. II, 5. Montrez-nous, héros magnanimes, Votre vertu dans tout son jour, Voyons comment vos cœurs sublimes Du sort soutiendront le retour, Rousseau J.-B. Ode à la fortune. Mandrin, le plus magnanime des contrebandiers, Voltaire, Pol. et lég. Prix de la just. et de l'hum. VII. Ô sage magnanime, comment et d'où viens-tu ? Chénier, l'Aveugle. Nous appelons magnanime celui dont l'âme naturellement élevée n'est jamais éblouie par la prospérité, ni abattue par les revers, Barthélemy, Anach. ch. 81.

    S. m. Le magnanime a toujours le cœur au-dessus de sa fortune. Tu me braves, Cinna, tu fais le magnanime, Corneille, Cinna, V, 1. C'est une curiosité, un souvenir ; c'est de quoi parer un cabinet ; on reçoit tout simplement et avec tendresse ces sortes de présents ; et, comme il disait cet hiver, il est au-dessous du magnanime de les refuser, Sévigné, 26 juin 1675.

  • 2Il se dit aussi des choses. Action magnanime. Et vous l'avez [le cœur] tous deux trop grand, trop magnanime, Pour souffrir sans horreur l'ombre même d'un crime, Corneille, Heracl. V, 6. Je ne puis démentir cette horreur magnanime Qu'en recevant le jour je conçus pour le crime, Corneille, Tite et Bér. II, 1. Ah ! seigneur, qu'éloigné du malheur qui m'opprime, Votre cœur aisément se montre magnanime ! Racine, Iph. I, 3. Sur tous ces pontifes du crime… Lance ta fureur magnanime, Chénier, Odes, V. Partout des malheureux, des proscrits, des victimes Luttant contre le sort ou contre les bourreaux ; On dirait que le ciel aux cœurs plus magnanimes Mesure plus de maux, Lamartine, Méd. I, 14.

HISTORIQUE

XIIIe s. Magnanimes est cil qui est atornez à grandisme afaire, et se esleesce [réjouit] et esjoït à faire les hautes choses, Latini, Trés. p. 287.

XVIe s. Magnanime entreprise, Nuits de Straparole, t. I, p. 419, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Lat. magnanimus, de magnus, grand, et animus, âme (voy. ÂME).