« maille.3 », définition dans le dictionnaire Littré

maille

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

maille [3]

(mâ-ll', ll mouillées, et non mâ-ye) s. f.
  • 1Petite monnaie de cuivre qui n'est plus en usage, mais qui valait la moitié d'un denier, et était de la sorte synonyme d'obole. Il n'a ni denier ni maille. Cela ne vaut pas la maille. Je n'en rabattrai pas la maille, une maille. Suffit d'être enrôlé dans la gentilhommaille Pour être convaincu de n'avoir pas de maille, Boursault, Mots à la mode, sc. 12. Montre-leur comme il faut… Ne laisser de sa bourse échapper une maille, Chapelain décoiffé, 1, dans les Œuvres de Boileau.

    Fig. N'avoir ni sou ni maille, être très pauvre.

    Faire la maille bonne, garantir que le compte est juste, à une maille près.

    À sou, maille et denier, c'est-à-dire très exactement, en parlant d'un compte. Je sais à sou, maille et denier, ce que lui a coûté sa maison.

    Fig. Avoir maille à partir avec quelqu'un, avoir un différend comme si l'on avait une maille à partager. Toujours de son devoir je tâche à l'avertir, Et l'on nous voit sans cesse avoir maille à partir, Molière, l'Ét. I, 9.

    Je vaux aujourd'hui plus de sous qu'hier je ne valais de mailles, c'est-à-dire je suis aujourd'hui mieux portant, plus dispos, plus fort. On dit qu'une chose vaut mieux écu qu'elle ne valait maille, quand on l'a beaucoup améliorée.

  • 2Rien, pas, point, avec la négation ne. De nouveauté dans mon fait il n'est maille, La Fontaine, Juge. Vous faites des merveilles, vous êtes aimée de tout le monde, et il me semble que je vous vois valoir mieux ; c'est que vous ne valiez maille derrière moi, comme dit M. de la Rochefoucault, Sévigné, 7 juin 1671, à Mme de Grignan.
  • 3Les Lorrains avaient une monnaie d'or, qui se nommait maille de Lorraine.
  • 4 Terme d'orfévrerie. Petit poids qui est la quatrième partie d'une once.

    PROVERBE

    Bonne est la maille qui sauve le denier, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 253.

HISTORIQUE

XIIe s. Mais il ne porta là ne maille ne denier, Th. le mart. 117.

XIIIe s. Avons baillé la maaille de la dite prevosté pour LXX livres l'an, Du Cange, medala. Ne ne cuide que riens lui faille, Tout n'ait il vaillant une maille, la Rose, 5012. Nus [nul] qui vende oes [œufs] ne fromages ne doit avoir oes cassés, ne por denier ne por maaille, Liv. des mét. 37.

XIVe s. Argent tant en or qu'en argent, blanches maalles et noires, Du Cange, forgerium. Sangbieu ! je ne vous crains maille, Villon, Archer de Bagn. Les especes d'or qui s'en suivent, c'est assavoir les mailles au traict, mailles au chat, mailles au chien, et les mailles de Liege aux armes de Bourbon, Ordonn. 5 oct. 1485.

XVIe s. Maintenant de toutes ces aumosnes il n'en vient une seule maille aux pauvres, Calvin, Inst. 879. Encore suis-je tenu de faire la maille bonne de ma parole, Montaigne, III, 252.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, mâie, mauie, nauie ; nam. maie, mauie, nauie ; anc. esp. meaja ; anc. port. mealha. On a fait venir ce mot de maille 1, parce que cette petite monnaie n'était pas plus grande que la maille d'un filet ; mais l'orthographe maaille, et les formes meaja, mealha conduisent à un mot plus étendu que macula, qui n'a donné que maille ; ils conduisent au bas-latin medala, medalia (voy. MÉDAILLE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

3. MAILLE. Ajoutez :
5Maille blanche, nom vulgaire de la monnaie de huit deniers tournois frappée par Philippe VI et par Jean II.

Maille tierce, nom vulgaire de la pièce de quatre deniers tournois sous Philippe le Bel.