« monarchie », définition dans le dictionnaire Littré

monarchie

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monarchie

(mo-nar-chie) s. f.
  • 1Gouvernement d'un État régi par un seul chef. Monarchie héréditaire, élective. …De quelque façon que votre cour vous nomme, On hait la monarchie, Corneille, Cinna, II, 1. Étudier les conseils de la divine Providence et les fatales révolutions des monarchies, Bossuet, Reine d'Anglet. Marc-Aurèle se proposait d'établir, dans la monarchie la plus absolue, la plus parfaite liberté du peuple soumis, Bossuet, 5e avert. 56. Le pouvoir intermédiaire subordonné le plus naturel est celui de la noblesse ; elle entre en quelque façon dans l'essence de la monarchie, dont la maxime fondamentale est : point de monarque, point de noblesse ; point de noblesse, point de monarque ; mais on a un despote, Montesquieu, Esp. II, 4. Dans les monarchies, la politique fait faire les plus grandes choses avec le moins de vertu qu'elle peut, comme, dans les plus belles machines, l'art emploie aussi peu de mouvements, de forces et de roues qu'il est possible, Montesquieu, ib. III, 5. Une monarchie élective, comme était Rome, suppose nécessairement un corps aristocratique puissant qui la soutienne ; sans quoi, elle se change d'abord en tyrannie ou en État populaire, Montesquieu, ib. XI, 13.

    Monarchie constitutionnelle, celle où la balance et l'exercice des pouvoirs sont réglés par une constitution. Seulement il [Napoléon] craignait la signification républicaine de son nom [il s'agit du choix de Carnot pour le ministère de l'intérieur en mars 1815] ; car la France, disait-il, est aujourd'hui éprise de la monarchie constitutionnelle (le mot était devenu usuel depuis une année), mais elle n'a pas cessé d'avoir peur de la république, Thiers, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. XIX, p. 240.

  • 2État gouverné par un roi. L'unité catholique, qui a fait fleurir durant tant de siècles l'Église et la monarchie d'Angleterre autant que les plus saintes Églises et les plus illustres monarchies du monde, Bossuet, Reine d'Anglet. C'est le sort des monarchies que leur prospérité dépende du caractère d'un seul homme, Voltaire, Louis XIV, 17. Notre monarchie gouvernée par les lois et surtout par les mœurs, Voltaire, Lett. Mignot, 24 juin 1771.

    Monarchie universelle, pouvoir d'un monarque établi sur la terre entière, ou du moins sur la partie la plus importante et la plus civilisée. On croit communément que Grégoire VII fut le premier qui établit la chimère d'une monarchie sainte et universelle, Voltaire, Louis XIV, 40.

HISTORIQUE

XIIIe s. Après la mort Julius Cesar fu empereres Octaviens ses niés [son neveu], et tint la monarchie de tout le monde, Latini, Trésor, p. 47. Neporquant li saint pere, et li saint patriarche, Et Tobie, et Jacob, et Noé qui fist l'arche, Qui tindrent en leur temps du monde la monarche, J. de Meung, Test. 919.

XIVe s. Et la communicacion ou policie qui est transgression et corrupcion de celle qui est appellée royalme et est sa contraire, c'est tyrannie, car l'une et l'autre sont monarchies, Oresme, Eth. 246. [Charles VI] amez fut et doubté [craint] non pas seulement de ses subgiez, mais de toute la monarchie du monde, Geste des nobles, dans VIRIVILLE, p. 108.

ÉTYMOLOGIE

Prov. monarchia ; esp. monarquia ; ital. monarchia ; du lat. monarchia, qui est le grec μοναρχία, de μόνος, seul, et ἄρχειν, commander.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MONARCHIE. Ajoutez :
3 Terme d'antiquité grecque. Dignité éponyme de l'île de Cos ; c'est par le nom de ceux qui en avaient été honorés que l'on datait les actes publics, Journ. offic. 8 fév. 1876, p. 1111, 3e col.