« moudre », définition dans le dictionnaire Littré

moudre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

moudre

(mou-dr'), je mouds, tu mouds, il moud, nous moulons, vous moulez, ils moulent ; je moulais ; je moudrai ; je moudrais ; je moulus ; mouds, qu'il moule, moulons, moulez, qu'ils moulent ; que je moule, que nous moulions, que vous mouliez ; que je moulusse ; moulant ; moulu v. a.
  • 1Mettre en poudre par le moyen du moulin. Les Grecs et nous autres Siciliens, les Romains même n'ont pas encore l'usage de ces maisons ailées [les moulins à vent] ; nous ne savons que fatiguer les mains de nos esclaves à moudre grossièrement ce blé que nous arrachons à la terre avec tant de peine, Voltaire, Dial. 29, 12.

    Moudre en grosse, moudre avec des meules serrées et en fabriquant la farine dans une seule opération.

    Moudre à façon, par parcelles, moudre avec un système où la trémie n'est pas alimentée d'une manière continue.

    Absolument. Ce moulin moud trop gros.

    Terme de marine. L'horloge moud, le sable passe.

  • 2Il se dit du café qu'on réduit en poudre grossière à l'aide d'un petit moulin portatif. Il ne faut jamais moudre le café avant son entier refroidissement, Genlis, Maison rust. t. III, p. 365, dans POUGENS.
  • 3 Terme de métallurgie. Concasser, à l'aide d'un moulin, le minérai, avant de le soumettre aux opérations ultérieures. La nécessité d'aller moudre le minerai à une distance très considérable, Raynal, Hist. phil. VII, 30.
  • 4 Fig. Moudre un homme de coups, le battre violemment.
  • 5Se moudre, v. réfl. Être moulu. Une graine qui ne se moud pas facilement.

    PROVERBE

    Il n'est que d'être à son blé moudre, il n'y a rien de tel pour qu'une affaire réussisse, que de la suivre soi-même.

HISTORIQUE

XIIe s. Droites les astes, aus bons espiés moluz [émoulus], Ronc. p. 45.

XIIIe s. Jehans proposa contre Pierre, et dist à Pierre qu'il li devoit un quartier de blé, quant il moloit dix mines à son molin, Beaumanoir, XXVI, 2. Et li uns des parchonniers [partenaires] ne fit pas envers son segneur ce qu'il doit, par quoi ses sires oste les fers du molin, si que il ne puist mourre, Beaumanoir, XXII, 8. Cui blez ne faut, sovent puet maudre, Rutebeuf, 74. Et se li siens curez est tel que Diex le vueille… Fol sera, s'il guerpist tel molin, puis qu'il mueille, J. de Meung, Test. 712.

XVe s. Molin… à molre braie, grain à brasser cervoise, Du Cange, molendinum.

XVIe s. [Des fanatiques dans l'Inde] se prosternants emmy la place, ils se font mouldre et briser sous les roues, Montaigne, II, 39. Ayant les membres tous moulus et froissez de ma chute, Montaigne, II, 58.

ÉTYMOLOGIE

Picard, morre, meuler ; wallon, moûre ; Berry, meûdre, meûde ; provenç. molre ; catal. moldrer ; espagn. moler ; portug. moer ; du lat. molere ; comparez le grec μύλη, meule, le goth. malan, l'allem. mahlen, le slave mla. Dans moudre, qui représente molre, du lat. molere, le d n'est pas organique ; il a été appelé, comme dans moindre, gendre, pour le besoin de la prononciation ; d'où mouldre, transformé en moudre ; le d, qui tombe devant les voyelles (moulant, moulu), a l'air de se substituer l'l, et, réellement, il ne fait que la mettre à nu. Il y avait dans l'ancienne langue un autre moudre qui signifiait traire : Quant une femme entre au matin en son estable pour moudre ses vaches, les Évang. des quenouilles, p. 53. Ce moudre vient du lat. mulgēre, prononcé incorrectement mulgĕre, si toutefois mulsi, mulsum n'indiquent pas un archaïque mulgĕre, conservé populairement.