« multitude », définition dans le dictionnaire Littré

multitude

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multitude

(mul-ti-tu-d') s. f.
  • 1Grand nombre. Unité, multitude : en considérant l'Église comme unité, le pape quelconque est le chef, est comme tout ; en la considérant comme multitude, le pape n'en est qu'une partie… la multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion, l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie, Pascal, Pens. XXIV, 84, éd. HAVET. L'Égypte, dans une étendue assez bornée, renfermait autrefois un grand nombre de villes et une multitude incroyable d'habitants, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 10, dans POUGENS. Il ne faut pas plus se plaindre de la multitude des livres que de celle des citoyens, Voltaire, Dict. phil. Biblioth. Je dois des multitudes de lettres, surtout à MM. Meuron…, Rousseau, Lett. à du Peyrou, 18 sept. 1765. Des multitudes innombrables de têtes et d'yeux noirs sont tournés vers la barrière d'où les chevaux doivent s'élancer, Staël, Corinne, IX, 1.
  • 2 Absolument. Un grand nombre d'hommes. Les flots de la multitude. Ces multitudes [de soldats] s'acharnent les unes contre les autres, non-seulement sans avoir aucun intérêt au procès, mais sans savoir même de quoi il s'agit, Voltaire, Dict. phil. Guerre.
  • 3Le peuple, le vulgaire. Comme, en un grand dessein et qui veut promptitude. On ne s'explique pas avec la multitude, Corneille, Sertor. V, 6. Quand une fois on a trouvé le moyen de prendre la multitude par l'appât de la liberté, elle suit en aveugle, pourvu qu'elle en entende seulement le nom, Bossuet, Reine d'Anglet. Mon Sauveur, vous êtes trop incompatible, on ne peut s'accommoder avec vous ; la multitude ne sera pas de votre côté ; aussi, mes frères, ne la veut-il pas ; c'est la multitude qu'il a noyée par les eaux du déluge ; c'est la multitude qu'il a consumée par les feux du ciel ; c'est la multitude qu'il a abîmée dans les flots de la mer Rouge, Bossuet, 1er sermon, Nativité, 3. Tel est le caractère de la multitude : ou elle se livre bassement à l'esclavage, ou elle domine avec insolence, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. X, p. 57, dans POUGENS. Tant il est vrai que, de tous les biens humains, il n'en est point de plus agréable à la multitude que la liberté, Rollin, ib. p. 289. La multitude est généralement sacrifiée aux passions de quelques oppresseurs privilégiés, Raynal, Histoire philos. XI, 24.

REMARQUE

Multitude est un de ces noms collectifs avec lesquels on peut mettre au pluriel le verbe dont il est le sujet : Une multitude de sauterelles ont infesté ou a infesté ces campagnes.

HISTORIQUE

XIIe s. Cum grande est la multitudine de la tue dulceur, sire ! Liber psalm. p. 37. Ço dist nostre sires : ceste merveilleuse multitudine de pople que tu as veue, te livrerai à cest jur de ui, Rois, 324.

XIIIe s. En toutes batailles multitude ne vault pas tant comme vertuz, J. de Meung, Vegece, I, 8.

XVIe s. S'en va mettre pied à terre dans la cour de Yemau, où tant de gens arrivoient… cette troupe, entrée dans la multitude du chasteau, commence à jouer des mains, D'Aubigné, Hist. II, 115.

ÉTYMOLOGIE

Prov. multitut ; espag. multitud ; ital. multitudine ; du lat. multitudinem, qui vient de multus (voy. MOULT). Palsgrave, p. 23, au XVIe siècle, prononçait moutitude.