« panse », définition dans le dictionnaire Littré

panse

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

panse

(pan-s') s. f.
  • 1Ventre, dans le langage familier. Qu'importe qui vous mange, homme ou loup ? toute panse Me paraît une à cet égard ; Un jour plus tôt, un jour plus tard, Ce n'est pas grande différence, La Fontaine, Fabl. x, 4. … Me voilà bien surprise ; J'ai passé par ici depuis cinq ou six jours. Un rat, qui la voyait en peine, Lui dit : vous aviez lors la panse bien moins pleine, La Fontaine, ib. III, 17. Tu ne songeais qu'à te garnir la panse, Du Cerceau, Poésies, plaintes.

    Avoir la panse ronde, se dit de quelqu'un qui a bien mangé. Sachez qu'hier, la panse ronde Et l'œil obscurci par Bacchus, Jupin…, Béranger, Bluets.

    Populairement. Se faire crever la panse, se faire tuer à la guerre ou en duel.

    Fig. Avoir les yeux plus grands que la panse, avoir plus grands yeux que grand'panse, avoir moins d'appétit qu'on ne croyait.

  • 2Premier estomac des animaux ruminants. J'ai fait nourrir deux agneaux de même âge et sevrés en même temps, l'un de pain et l'autre d'herbe ; les ayant ouverts au bout d'un an, j'ai vu que la panse de l'agneau qui avait vécu d'herbe était devenue plus grande de beaucoup que la panse de celui qui avait été nourri de pain, Buffon, Quadrup. t. I, p. 210.

    Terme de maréchal. L'estomac du cheval.

  • 3Une panse d'a, voy. A.

    Il n'y a pas seulement fait une panse d'a, se dit de celui qui s'attribue, ou à qui on attribue quelque part à un ouvrage, mais qui cependant n'y a pas travaillé.

  • 4Panse d'une bouteille, d'une cornue, la partie renflée d'une bouteille, d'une cornue.
  • 5Endroit où le collier d'un cheval est le plus large par derrière.
  • 6Panse d'une cloche, le bord, l'endroit où le battant va frapper.
  • 7 Terme de relieur. La convexité du marteau à battre.
  • 8Partie inférieure du fût d'un balustre.
  • 9Panse de Damas, espèce de gros raisin.

    Panse musquée, cépage des Pyrénées Orientales.

  • 10Panse de vache, linge ouvré qui se fabrique en Picardie.

    PROVERBE

    Après la panse vient la danse, c'est-à-dire après la bonne chère, le divertissement.

HISTORIQUE

XIIe s. Ains que de moi facent la lor vuellance [leur volonté], En estera parcie [sera percée] mainte pance, Raoul de C. 163.

XIIIe s. Voire voir, mes g'emple ma pance De bons morciaus et de bons vins, la Rose, 14426. Ahi ! grant cler, grant provandier, Qui tant estes grant viandier, Qui fetes Dieu de vostre pance, Dites moi par quel acointance Vous partirez au Dieu roiaume, Rutebeuf, 95.

XIVe s. Comme bestes il ne ouvrent [travaillent] fors de remplir leurs pances, Oresme, Eth. 96. Que du cheval les fist cheoir panche souvine [en l'air], Baud. de Seb. VII, 224.

XVe s. Monseigneur, Dieu et la riviere sont aujourd'hui pour vous ; car elle est si basse, au plus profond, que nos chevaux n'en ont pas eu jusques à la panse, Froissart, II, III, 79. Entre les choses de jeunesse Que l'on m'aprinst dès mon enfance, Mon maistre me blasma yvresse Et à trop emplire ma pence, Deschamps, Qu'il faut tenir sa parole. Car de la panse vient la danse, Villon, G. testam.

XVIe s. Estans bien appesantis de leurs corps pour avoir mangé à panse pleine, Amyot, Marius, 33.

ÉTYMOLOGIE

Picard, panche ; provenç. pansa, panga ; cat. panxa ; esp. panza ; port. pança ; ital. pancia ; du lat. pantex, panticis, ventre.