« proférer », définition dans le dictionnaire Littré

proférer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

proférer

(pro-fé-ré. La syllabe fé prend un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette : je profère ; excepté au futur et au conditionnel : je proférerai) v. a.
  • Prononcer à haute et intelligible voix. Madame votre mère fait une action digne de son ordinaire bonté de ne vouloir pas souffrir que l'on profère une si grande méchanceté sur ses terres, Voltaire, Lett. 56 (à Mlle de Rambouillet) Des termes dont un jour vous vous repentirez Avec plus de raison qu'ils ne sont proférés, Mairet, Soliman, IV, 4. Il est dit expressément qu'elle [la mère de Samuel] ne parlait que dans le cœur ; ses lèvres allaient sans proférer aucun mot, Bossuet, États d'orais. V, 12.

    Se proférer, v. réfl. Être proféré. Toutes les prostitutions [flatteries] qui se peuvent proférer, Saint-Simon, 73, 193.

SYNONYME

PROFÉRER, ARTICULER, PRONONCER. Proférer c'est prononcer des paroles à haute et intelligible voix. Articuler c'est prononcer distinctement ou marquer les syllabes en les liant ensemble. Prononcer c'est exprimer ou faire entendre par le moyen de la voix, Roubaud.

HISTORIQUE

XIIIe s. Jà soit ce que ti dit [tes dits] ne soient biau ne gaires poli, se tu les proferes gentilment et de bele maniere et de biau deport, si seront il loé, Latini, Trésor, p. 363.

XVIe s. Le tout feut par icelluy proferé avecques gestes tant propres, que…, Rabelais, Garg. I, 15. Nous disons sans apostrophes le harem, la haulteur… et, si ces mots se proferent sans grande aspiration, la faulte est enorme, Et. Dolet, dans LIVET, la Gramm. franç. p. 112.

ÉTYMOLOGIE

Prov. proferre ; cat. proferir ; it. profferrire ; du lat. proferre, de pro, en avant, et ferre, porter.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PROFÉRER. Ajoutez :
2Au sens légal, dire à haute voix ou à voix ordinaire dans un lieu public. Attendu qu'aux termes d'un arrêt rendu le 26 novembre 1834 par la cour de cassation, le mot proférer dont se sert la loi du 17 mai 1819, embrasse les propos tenus dans un lieu public sur le ton de la conversation ordinaire et n'excepte que ceux dits à voix basse ou à titre confidentiel, Gaz. des Trib. 28-29 déc. 1874, p. 1242, 3e col. Il [l'avocat] conclut en disant que les paroles prononcées, mais non proférées par le prévenu, ne peuvent rentrer dans l'énumération de l'article 1er de la loi de 1819 [du 17 mai], ib. 3e col.

HISTORIQUE

Ajoutez :

XVe s. Ledit Phelippe Sermoise, meu de mauvais courage, dist et prophera ces paroles…, Lettres de remission, dans Romania, avril 1873, p. 235.