« profane », définition dans le dictionnaire Littré

profane

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

profane

(pro-fa-n') adj.
  • 1Qui n'appartient pas à la religion. Les auteurs profanes. Les histoires profanes. J'entendis un homme chanter un de nos airs profanes, Sévigné, 243. Mais, dans une profane et riante peinture, De n'oser de la fable employer la figure…, Boileau, Art p. III. Tout profane exercice est banni de son temple, Racine, Ath. II, 7.

    Poétiquement et dans le sens ancien, qui n'est pas sanctifié. Le monarque lui dit : Chétif hôte des bois… Nous n'appliquerons point sur tes membres profanes Nos sacrés ongles, La Fontaine, Fabl. VIII, 14. Ces accents dont Brama daigne emprunter l'organe, N'iront-ils point frapper une oreille profane ? Delavigne, le Paria, II, 2.

    Substantivement. Le profane, les choses profanes. Mêler le sacré au profane.

  • 2Qui est contre le respect qu'on doit aux choses sacrées. Une conduite, une vie profane. Aux feux inanimés dont se parent les cieux Il rend de profanes hommages, Racine, Esth. II, 9. Toute disposition qui nous conduit au péril est profane et criminelle, Massillon, Carême, Pâques.
  • 3 Substantivement. Celui qui n'appartient pas à l'ordre religieux. C'est des ministres saints la demeure sacrée ; Les lois à tout profane en défendent l'entrée, Racine, Ath. III, 2. À mesure que j'entrais dans les pays de ces profanes [les chrétiens aux yeux d'un musulman], il me semblait que je devenais profane moi-même, Montesquieu, Lett. pers. 6.

    Chez les anciens, celui qui n'était pas initié à des mystères. Éloignez les profanes !

    Fig. Celui qui n'est pas initié aux mystères de quelque science, des lettres, des arts. Il ne comprend rien en peinture, c'est un profane. Ce sera un sujet de scandale ou plutôt de joie pour les profanes, que des géomètres se partagent, Fontenelle, Renau. Un jour que je le rencontrais ainsi dans une de ces cours de l'Institut que les profanes traversent irrévérencieusement pour raccourcir leur chemin, Sainte-Beuve, Portraits, Charles Nodier.

    Familièrement. Personne qu'on ne veut point admettre dans une société.

  • 4Celui qui manque de respect pour les choses de la religion. Quelques-uns vous diront au besoin Quels dieux du haut en bas renversent les profanes, Corneille, Nicom. III, 2. Si vous entrez partout, ainsi font les profanes, La Fontaine, Fabl. IV, 3.

HISTORIQUE

XIVe s. La maison ainsi baillée par ledit religieux à nostre receveur sera et demourra prophane [séculière], et non admortie, Du Cange, prophaneitas.

XVIe s. Je dedaigne et laisse icy tout ce qu'en peut dire le commun, comme prophane, et trop indigne pour estre ouy en telle chose, Charron, la Sagesse, Préf. de la 2e édit.

ÉTYMOLOGIE

Lat. profanus, de pro, en avant, et fanum, temple (voy. FANATIQUE) : quod pro fano est, ce qui est devant le temple, en dehors, livré au public, et de là profane.