« profès », définition dans le dictionnaire Littré

profès

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

profès, esse

(pro-fè, fè-s') adj.
  • 1Qui a fait les vœux par lesquels on s'engage dans un ordre religieux, après le noviciat expiré. Religieux profès. Religieuse professe.

    Maison professe, maison dans laquelle résident les profès. Ce manuscrit [du P. Sicard, sur l'Égypte], déposé à la maison professe des jésuites, fut dérobé, Chateaubriand, Génie, IV, IV, 1.

    Il se dit, dans un sens analogue, des ordres de chevalerie. L'on commença dès le vendredi, comme je vous l'ai dit ; ces premiers [la moitié des chevaliers] étaient profès avec de beaux habits et leurs colliers, Sévigné, 502.

  • 2 S. m. et f. Un jeune profès. Une jeune professe.

    Par plaisanterie. Et qui s'est dit profès dans l'ordre des coteaux [association de gourmets], Boileau, Sat. III.

    Par extension. Il n'y avait alors aucun culte qui n'eût ses mystères, ses associations, ses catéchumènes, ses initiés, ses profès, Voltaire, Dict. phil. Baptême.

    Fig. En voilà assez pour des faussetés si vaines ; ce ne sont là que des coups d'essai de vos novices, et non pas les coups d'importance de vos grands profès, Pascal, Prov. XVI. [Les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers] à marches si compassées, si difficiles, curieux profès d'indifférence et d'impuissance, mais qui se souvenaient parfois qu'ils n'en avaient pas fait les vœux, Saint-Simon, t. VIII, p. 226, éd. CHERUEL. Il démentit les célèbres maximes Où nous lisons qu'on ne vient aux grands crimes Que par degrés : il fut un scélérat Profès d'abord et sans noviciat, Gresset, Ver-vert, III.

HISTORIQUE

XIIIe s. …Heloïs fu abeesse, Qui devant iert [était] nonain professe, la Rose, 8844. Cil qui sunt en religion et y ont esté de tel tans qu'il soient prophès, Beaumanoir, LVI, 1.

XVIe s. Cette vertu supreme, ennemie professe et irreconciliable d'aigreur…, Montaigne, I, 176. Il y avoit d'autres mysteres plus secrets, pour estre montrez seulement à ceulx qui en estoient profez, Montaigne, IV, 151.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. profes ; espagn. profeso ; ital. professo, du lat. professus, qui a fait profession, de profiteri, déclarer, de pro, en avant, et fateri, avouer ; de même radical que φατὸς, dit, de φάναι, dire (comparez FABLE).