« protection », définition dans le dictionnaire Littré

protection

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

protection

(pro-tè-ksion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Action de protéger, de préserver de mal. La demoiselle que vous connaissez, laquelle, ayant juré ma ruine, est fâchée de voir que je suis en la protection d'un des plus braves hommes du monde, Voiture, Lett. 46. Sa mort me laissera, pour ma protection, La splendeur de son ombre et l'éclat de son nom, Corneille, Sertor. II, 1. Et vous, prince… continuez votre protection et vos soins à tout ce qui lui fut cher, Bossuet, Anne de Gonz. Il [Cromwell] était regardé de toute l'armée comme un chef envoyé de Dieu pour la protection de l'indépendance [les sectaires dits indépendants], Bossuet, Reine d'Anglet. La protection éclatante que Mécène accorda aux gens de lettres… a rendu son nom immortel, Rollin, Traité des Ét. 4e part. ch. 1.

    Prendre en sa protection, protéger. Il vous importe de haïr l'injustice, et de prendre ceux qu'on opprime en votre protection, Voiture, Lett. 9. Dieu prend en sa protection tous les gouvernements légitimes, en quelque forme qu'ils soient établis, Bossuet, Polit. II, I, 12.

    On dit aussi : prendre sous sa protection.

    Prendre la protection de quelqu'un, prendre sa défense. Quand même il aurait quelque raison de se plaindre, vous n'en auriez pas pour cela de prendre sa protection contre moi, Voiture, Lett. 50. Quand cela paraîtra, je ne doute point qu'il ne donne matière aux critiques ; prenez un peu ma protection, Corneille, Lett. à l'abbé de Pure, 25 août 1660.

  • 2Action de prendre soin de la fortune, des intérêts, de l'avancement de quelqu'un. Mon protégé n'honora pas ma protection ; il fit tout du pis qu'il put…, Staal, Mém. t. I, p. 293. Je pourrais offrir ma protection en Sibérie et au Kamshatka ; mais, en France, j'ai besoin de la protection de bien des gens, et même de celle du roi, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 12 juill. 1770. Sans aucun égard aux talents et aux facultés, la protection devint alors la mesure unique des distributions, Raynal, Hist. phil. XIII, 50.

    Un air, un ton de protection, l'air, le ton qu'a celui qui protége à l'égard de celui qui est protégé. Jeannot tendant la main à Colin avec un air de protection assez noble, Voltaire, Jeannot.

  • 3Action de favoriser le maintien, l'avancement de quelque chose. Ce prince prit sous sa protection les lettres. Une protection mal entendue est une véritable guerre qu'on fait aux talents, D'Alembert, Ess. sur la Soc. des g. de lett. Œuv. t. III, p. 102, dans POUGENS.

    Terme d'économie politique. Système de protection, système relatif à l'admission des marchandises étrangères dans un pays, d'après lequel on impose plus ou moins les marchandises à l'entrée, pour protéger le commerce intérieur contre une concurrence qu'il ne pourrait soutenir sans cela.

  • 4Il se dit des personnes qui servent de protecteur, d'appui à quelqu'un. Cet homme a de puissantes protections.
  • 5Emploi de protecteur à Rome. Le roi donna la protection de France à tel cardinal.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et pour ce, chier fils en notre Seigneur, nous, par gracieux assentement, vous et vo lieu rechevons en le [la] protection St-Pierre et le [la] nostre, Tailliar, Recueil, p. 501. En plorant, douce dame, Par vraie entencion, Met je mon cors et m'ame En ta protection, dans RUTEB. II, 330.

ÉTYMOLOGIE

Prov. protectio ; espagn. proteccion ; ital. protezione ; du lat. protectionem, de protegere, protéger.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PROTECTION. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Par tant que li bous [l'anneau] est plus largement estenduz, si est signifiée par lo bou sa plus large protection [de Dieu] entor nos, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 357.