« sale », définition dans le dictionnaire Littré

sale

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sale

(sa-l') adj.
  • 1Plein d'ordures, malpropre. Une chambre sale. Avoir les mains sales. Un homme sale. Une femme sale. Quelques hommes et des femmes d'une figure dégoûtante et atroce se montrent tous armés sur ses murs [du Kremlin] ; ils exhalent une sale ivresse et d'horribles imprécations, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 5.

    Fig. Nous ne manierons point les choses sacrées avec des mains sales, nous n'apporterons point nos défauts dans le plus haut état de perfection, Guez de Balzac, Lett. 11, liv. VI.

    Bandes sales, lignes noires formant des courbes paraboliques ou ogivales qu'on aperçoit sur la glace des glaciers, et dont la convexité est tournée en aval.

    Substantivement. Fi, le sale !

  • 2Gris sale, gris terne qui n'a pas l'œil du gris ordinaire. Ces boiseries sont peintes en gris sale.

    On dit de même : vert sale, blanc sale.

  • 3 Terme de peinture. Couleur sale, couleur désagréable à l'œil, composée de couleurs ennemies.

    Son pinceau est sale, se dit d'un peintre dont les teintes sont mal fondues.

    Se dit des estampes qui sortent mal nettes des presses.

  • 4 Terme de marine. Vaisseau sale, vaisseau dont le fond extérieur est couvert de coquillages, d'herbes qui s'y sont attachées.

    Côte sale, côte le long de laquelle il y a des roches, des écueils cachés sous l'eau.

  • 5 Fig. Qui blesse la pudeur, la modestie. Mais le plus beau projet de notre académie… C'est le retranchement de ces syllabes sales Qui dans les plus beaux mots produisent des scandales, Molière, Femm. sav. III, 2. L'on n'y exaltera plus tant ces divinités fabuleuses, dont les noms portent avec eux les plus sensuelles idées, et expriment les plus grossières et les plus sales passions, Bourdaloue, 6e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 40. Mme Guyon avait épuré ses sentiments, du moins en apparence, de tout ce qui était reproché de sale et de honteux à cette doctrine [quiétisme], Saint-Simon, 45, 12.
  • 6 Fig. Contraire à l'honneur, à la délicatesse. On sait que ce pied plat, digne qu'on le confonde, Par de sales emplois s'est poussé dans le monde, Molière, Mis. I, 1. Le concile de Nicée, qui dépose les clercs qui rechercheront les sales gains de l'avarice, en prêtant à usure contre le précepte divin, Bossuet, Usure, 3. Tout ce qu'il y aura eu de plus lâche, de plus indigne, de plus malin, de plus sale, et de plus corrompu dans leurs sentiments, Bourdaloue, 24e dim. apr. la Pentec. Dominic. t. IV, p. 449.

    Une sale affaire, affaire où la probité, la loyauté sont violées.

    Son cas est sale, se dit d'un homme qui est justement menacé des poursuites de la justice.

HISTORIQUE

XIIIe s. Du mautemps ert [était] sa robe un peu pesant et sale, Berte, XXVII.

XVIe s. Le doigt sale, Cotgrave Actions… deshonnestes et sales, Montaigne, III, 244.

ÉTYMOLOGIE

Génev. sâle. Diez le tire de l'anc. haut-allem. salo, pâle, trouble, terne ; angl. sallow ; Chevallet, du gaélique sal, ordure, salaich, salir. Il est difficile de se prononcer entre ces deux étymologies.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SALE. Ajoutez :
7Linge sale, linge qui a servi et que l'on met de côté pour l'envoyer à la lessive.

Mettre au sale, mettre parmi le linge sale.

Laver son linge sale en famille, voy. LINGE.

8En parlant des personnes, qui manque à l'honneur, vil, méprisable. Fabius Persicus, homme si sale et si abominable que les plus sales et les plus abominables ne s'en approchaient qu'avec horreur, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.