« sibylle », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
sibylle
- 1Chez les anciens, femmes auxquelles on attribuait la connaissance de l'avenir et le don de prédire. L'antre de la sibylle.
Toute histoire qui n'est pas contemporaine est suspecte ; ainsi les livres des sibylles et de Trismégiste et tant d'autres qui ont eu crédit au monde, sont faux, et se trouvent faux à la suite des temps
, Pascal, Pens. XIV, 8, éd. HAVET.Ces livres des sibylles, qui n'étaient recommandables que par la crédulité des Romains, étaient gardés par quinze prêtres dans le temple qu'Auguste avait fait bâtir sur le mont Palatin en l'honneur d'Apollon
, Dumarsais, Œuvres, t. I, p. 45.Le plus grand embarras pour les anciens était d'expliquer par quel heureux privilége ces sibylles avaient le don de prédire l'avenir ; les platoniciens en trouvaient la cause dans l'union intime que la créature parvenue à un certain degré de perfection pouvait avoir avec la divinité ; d'autres rapportaient cette vertu divinatrice des sibylles aux vapeurs et aux exhalaisons des cavernes qu'elles habitaient ; d'autres enfin attribuaient l'esprit prophétique des sibylles à leur humeur sombre et mélancolique, ou à quelque maladie singulière
, Voltaire, Dict. phil. sibylle.Par extension.
Là, sur des tas poudreux de sacs et de pratique, Hurle tous les matins une sibylle étique, On l'appelle chicane
, Boileau, Lutr. V.Fig.
Quand on l'appelait [Christine de Suède] la dixième Muse et la sibylle du septentrion
, Patin, Lettres, t. II, p. 411.Varron en distingue dix : la Persique, appelée Sambèthe ; la Libyenne ; la Delphique ; la Cuméenne, qui résidait à Cumes en Italie ; l'Érythréenne ; la Samienne ; la Cumane, née à Cumes dans l'Éolie ; l'Hellespontine ; la Phrygienne, qui rendait ses oracles à Ancyre ; et la Tiburne, qui fut honorée comme une divinité à Tibur, sur le Téveron, LEGOARANT.
Les feuilles de la sibylle, feuilles de chêne sur lesquelles la sibylle écrivait ses oracles, que le vent dispersait, et qu'il fallait réunir pour en retrouver le sens (voy. FEUILLE, n° 1).
On ne sait guère rien de l'ensemble en toutes choses qu'à l'aide des détails ; et la nature n'est pour l'homme que les feuilles éparses de la sibylle
, Staël, Allem. III, 10. - 2 Fig. Femme qui affecte l'enthousiasme et l'air inspiré.
Fig. et familièrement. Une vieille sibylle, une femme âgée qui a quelque prétention à l'esprit, ou qui est méchante.
Voyez cette vieille sibylle ! parce qu'elle a fait quelques études et tourmenté la jeunesse de madame, elle veut tout dominer au château
, Beaumarchais, Mar. de Figar. I, 6.Fille qui vieillit sans se marier.
Les trois filles [de la Rochefoucauld] moururent sibylles dans un coin de l'hôtel de la Rochefoucauld
, Saint-Simon, 337, 175.
HISTORIQUE
XVe s. Quelque grande vieille sebille, Caducque, menassant ruine, Qui glosera sur l'Evangille Et fera au cas bonne mine
, Coquille, Droits nouveaux.
XVIe s. On m'a dict qu'à Panzoust… est une sibylle très insigne, laquelle predit toutes choses futures
, Rabelais, III, 16.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. sibilla ; espagn. sibila ; ital. sibilla ; du lat. sibylla ; grec, σιϐύλλα, de Σιὸς, en dorien, pour Διὸς, Jupiter, et βόλλα, volonté, de βούλεσθαι, vouloir.