« simulacre », définition dans le dictionnaire Littré

simulacre

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simulacre

(si-mu-la-kr' ; au XVIIe siècle, l'a était long : simulâcre, d'après Chifflet, Gramm p. 183) s. m.
  • 1Image, représentation d'une divinité païenne. Je défendis qu'il y eût dans les temples aucun simulacre, parce que la divinité qui anime la nature ne peut être représentée, Voltaire, Dict. phil. Religion. Déjà est né le nouveau Cyrus qui brisera les derniers simulacres des esprits des ténèbres, et mettra le trône des Césars à l'ombre des saints tabernacles, Chateaubriand, Mart. III. Les Grecs n'eurent d'abord que des pierres ou des morceaux de bois pour simulacres de leurs dieux, Lévesque, Instit. scienc. mor. et pol. t. II, p. 42.
  • 2Spectre, fantôme ; en ce sens il se joint le plus ordinairement à l'épithète vain. De vains simulacres.
  • 3 Fig. Image, représentation. J'accorderai, si l'on veut, au divin Platon, au presque divin Malebranche (car Platon l'eût regardé comme son simulacre en philosophie)…, Buffon, Hist. anim. ch. V. Peuple entier [le peuple indien avec ses trois castes], qui présente à la divinité Le simulacre humain de sa triple unité, Delavigne, Paria, IV, 3.

    Plus particulièrement, vaine apparence, vaine image de quelque chose. Quoi ! tu te laisses aller au murmure, ô vertu contrefaite et déconcertée ?… va, tu n'étais qu'un vain simulacre de la piété chrétienne, Bossuet, Panég. St André, 3. C'est ainsi que les brigands mêmes, qui sont les ennemis de la vertu dans la grande société, en adorent le simulacre dans leurs cavernes, Rousseau, Économ. polit. Un simulacre de liberté fait endurer plus patiemment la servitude, Rousseau, Lett. de la Mont. 7.

  • 4Action de feindre l'exécution de quelque chose. Le simulacre d'un combat naval. Un simulacre de débarquement.

HISTORIQUE

XIIe s. Et tut fist depescier e esmier cel vilain simulacre ; kar ço ert [était] ydle [idole] de pecchié e de lecherie, Rois, p. 302.

XVIe s. Simulacres divins, flammes saintes et claires, Qui luisez dans le ciel…, Desportes, Cléonice, XXXII. Je ne suys pas la secte de Pythagoras, que les hommes prennent une ame nouvelle quand ils approchent des simulacres des dieux pour recueillir leurs oracles, Montaigne, III, 267.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. simulacra, féminin ; catal. simulacre ; espagn. et ital. simulacro ; du lat. simulacrum, qui vient du radical simula, thème du dénominatif simulare (voy. SIMULER), avec le suffixe cro, de creare ; sanscr. kri, faire.