« tenaille », définition dans le dictionnaire Littré

tenaille

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tenaille

(te-nâ-ll', ll mouillées, et non tenâ-ye) s. f.
  • 1Instrument de fer composé de deux espèces de mâchoires qui s'ouvrent et se resserrent pour saisir. Apportez la tenaille.

    Plus usité au plur. Arracher un clou avec des tenailles. Le parlement condamna Poltrot à être déchiré avec des tenailles ardentes, tiré à quatre chevaux et écartelé, supplice réservé aux assassins des rois, Voltaire, Hist. parl. XXIV.

    Mors de la tenaille, les deux demi-cercles qui sont à un de ses bouts.

    Tenailles justes, celles avec lesquelles on saisit un lopin peu volumineux ; tenailles goulues, celles qui sont plus ouvertes et avec lesquelles on forge quelques instruments.

  • 2Instrument de maréchalerie avec lequel on tient le fer pour le travailler sur l'enclume. On distingue la tenaille à mettre au feu, qui sert à tenir le fer placé dans le foyer, et les tenailles à main, plus petites, avec lesquelles on tient le fer pour le frapper et lui donner la forme convenable.
  • 3 Terme de serrurier. Tenaille à chanfrein, espèce de mordache.

    Tenaille à vis, petit étau à main, qui sert pour tenir une clef, pour en arrondir la tige.

  • 4 Terme de treillageur. Outil de fer acéré ayant deux branches avec tête aplatie, servant à couper les pointes et à ployer les tringles.
  • 5Dans les manufactures de glaces, on appelle tenailles un cadre de fer avec lequel on embrasse les cuvettes qui tiennent le verre en fusion pour le verser sur la table de cuivre.
  • 6Instrument de chirurgie dont on se sert pour couper des esquilles ou des cartilages ; c'est une espèce de pince dont les mors ont beaucoup de force, et sont tranchants dans l'endroit où ils se touchent.
  • 7En fortification permanente, petit ouvrage bas, situé en avant de la courtine des fronts bastionnés, à deux faces qui présentent un angle rentrant vers la campagne. Deux grandes places d'armes rentrantes, ayant chacune un bon réduit, et, derrière elles, de bonnes tenailles, avec caponnières et poternes de communication au corps de la place, Raynal, Hist. phil. XIII, 32.

    Double tenaille, celle qui a un angle saillant au milieu, entre deux angles rentrants.

    En fortification passagère, combinaison de quatre droites formant un angle rentrant entre deux saillants obtus.

    Lignes à tenailles, ligne de fortification dont les éléments présentent cette combinaison.

  • 8 Terme d'entomologie. Nom donné aux crochets recourbés qui terminent l'abdomen des labidoures ou perce-oreilles, et chez les mâles de certaines libellules ou demoiselles.
  • 9Poisson des Indes.
  • 10Ancien terme de marine. Dans les galères, tenailles de poupe, deux pièces en forme d'arceau surbaissé, dont l'une est à l'entrée de la poupe et l'autre à son extrémité.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ansois [auparavant] fu martez [marteau] et tenaille, Que ne fu li fevres sans faille, Hist. litt de la Fr. t. XXIII, p. 743.

XIVe s. Pour une tenaille, unes pincettes, et un tirtifeu, De Laborde, Émaux, p. 515.

XVe s. Dan Nichodem, venez o mei, Alum despendre notre rei [Jésus attaché à la croix] ; Nel refusum, tut seit il mort… Tanailles et martel portez, Dunt li clou serunt derivez, la Resurrection du Sauveur, p. 18.

XVIe s. Dandelot fit reconnoistre la breche par le capitaine Normand, lequel ayant fidellement rapporté les retranchements, faicts en tenaille dans le ravelin et un plus grand dans la courtine…, D'Aubigné, Hist. I, 231. Ils sauterent le fossé environ les deux tiers, et viennent mesler dans la tenaille que nous avons descritte [il s'agit d'un ordre de bataille], D'Aubigné, ib. II, 181. Une tenaille ou pincette bien acerée, faitte presque comme celles que les Parisiens et Lyonnois sont curieux d'avoir en leur foyer, D'Aubigné, ib. II, 372. Le labourage se croisera, non à angles droits, ains à obtus et aigus ou en tenaille, comme on dit, De Serres, 92. Quand nous oyons, en Josephe, cet enfant tout dechiré de tenailles mordantes et percé des alesnes d'Antiochus…, Montaigne, II, 21. Si tost que de te voir je n'ay plus le bonheur, Aussitost ce cruel me met à la tenaille D'un regret importun qui toujours me travaille Sans donner tant soit peu de treve à ma douleur, Belleau, Berger.t. I, p. 58, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Prov. tenalha ; esp. tenaza ; it. tanaglia ; du lat. tenacula, lien, attache, pluriel neutre pris en forme de nom féminin, de tenere, tenir.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TENAILLE.
1Ajoutez :

Fig. S'il s'en peut tirer quelque chose avec des paroles, je prendrai ; mais je n'en viendrai point jusques aux tenailles, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.