« tirade », définition dans le dictionnaire Littré

tirade

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tirade

(ti-ra-d') s. f.
  • 1Action de tirer. S'il [Ravaillac] avoua des choses étranges, ce ne fut que lorsqu'il eut demandé, à la première tirade des chevaux, qu'on le relâchât, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. III, p. 121. Les tirades et les secousses durèrent une heure [dans l'écartèlement de Damiens] ; les membres s'allongèrent et ne se séparèrent pas, Voltaire, Hist. parl. XXX.
  • 2 Fig. Morceau d'un ouvrage en prose ou en vers, et qui est le développement d'une même idée. Voilà une tirade où ma plume m'a conduite, sans y penser, Sévigné, 27 janv. 1687. Vous avez des pensées et des tirades incomparables ; il ne manque rien à votre style, Sévigné, 22 janv. 1672.

    Une tirade de, beaucoup de pensées, de phrases qui se suivent sur le même sujet. Je vous conjure de pardonner ces tirades de réflexions à l'extrême tendresse que j'ai pour vous, Sévigné, à Mme de Grignan, 6 avril 1672.

    Familièrement. Une tirade d'injures, beaucoup d'injures débitées de suite.

  • 3 Terme de théâtre. Ce qu'un personnage débite sans être interrompu. Rien de parfaitement beau, rien qui enlève ; point de ces tirades de Corneille qui font frissonner, Sévigné, 126. Villars ne parlait que par tirades de théâtre, Saint-Simon, 259, 219. Il ne faut pas aller à bride abattue ; mais toute tirade demande à être un peu pressée ; c'est un point essentiel, Voltaire, Lett. Mlle Clairon, janv. 1750. On trouve dans ses pièces [de Boissy] plus de détails que de grands effets, plus de tirades que de scènes, et plus de portraits que de caractères, D'Alembert, Élog. Boissy. La facilité du public à applaudir les tirades et les portraits, a fait de nos scènes de comédie des galeries d'enluminures, Marmontel, Œuv. t. VI, p. 491. Quant au reste de la tirade [dernière scène d'Alzire], c'est la substance de la morale évangélique, Chateaubriand, Génie, II, II, 7. La tirade, ou, en termes de coulisses, la tartine, voilà ce que l'on va chercher au théâtre… la tirade, bien analysée, peut presque toujours se réduire à une conversation entre l'auteur et le public, à laquelle les personnages de la pièce ne servent que de prétexte, Globe, 17 janvier 1825.
  • 4En mauvaise part, développement de lieux communs sans rapport bien marqué avec le sujet. Une ennuyeuse tirade. Il ne lui restera que l'ignominie d'avoir fait des tirades contre des gens de bien, Grimm, Corresp. t. I, p. 176.
  • 5 Terme de musique. Passage que fait la voix ou l'instrument dans l'intervalle d'une note à une autre, par les notes diatoniques de cet intervalle distinctement articulées. Une tirade brillante.
  • 6D'une tirade, tout d'une tirade, loc. adv. et famil. Tout d'un trait, sans s'arrêter. Il nous a récité une ode tout d'une tirade. Cela dura le reste du voyage de Marly, qui, d'une tirade, nous conduisit à Fontainebleau sans retourner à Versailles, Saint-Simon, 305, 244.

ÉTYMOLOGIE

Tirer ; provenç. et espagn. tirada, portée, trait, jet ; ital. tirata.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TIRADE. Ajoutez :
7Longueur et difficulté d'une affaire. Je suis bien plus épouvanté que vous de cette longue tirade de négoce, dont vous êtes venu à bout, Guez de Balzac, Lettres inédites, LXIII, éd. Tamizey-Larroque.