« trente », définition dans le dictionnaire Littré

trente

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

trente

(tran-t') adj. numér.
  • 1Trois fois dix. Il [la Calprenède] affina plaisamment les libraires ; il traitait avec eux pour deux ou pour quatre volumes ; après, quand ces volumes étaient faits, il leur disait : j'en veux faire trente, moi, Tallemant, la Calprenède. Vous auriez pu, à bon marché, c'est-à-dire avec trente larmes, vous faire passer auprès de moi pour l'homme du monde le plus passionné, Sévigné, à Ménage, t. I, p. 370, éd. RÉGNIER. Il fut trente ans digne d'envie, Et trente ans digne de pitié, Piron, Inscript. et épît. Trente beaux vers de Corneille valent beaucoup mieux qu'une pièce médiocre, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Pompée, v, sc. dern. On peut parier 9244 contre 151, ou 61 1/5 contre 1, qu'une personne de trente ans vivra un an de plus, Buffon, Prob. de la vie, t. x, p. 329.

    Guerre de trente ans, lutte des princes réformés d'Allemagne contre l'empereur et les princes catholiques (1618-1648).

    Combat des trente, combat célèbre, au XIVe siècle, entre trente chevaliers bretons et trente chevaliers anglais.

    Les trente tyrans, ou, elliptiquement, les trente, trente personnages athéniens que les Lacédémoniens, vainqueurs d'Athènes, mirent à la tête de la cité, et qui gouvernèrent tyranniquement ; ils furent chassés par Thrasybule. Quand Athènes fut soumise au despotisme des trente, le scrutin découvert fut mis en usage au tribunal révolutionnaire dont ils étaient les maîtres absolus ; et Lysias, témoin oculaire, assure que personne n'était absous, Levesque. Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. IV, p. 268.

    Abusivement, les trente tyrans, plusieurs compétiteurs au trône impérial qui parurent ensemble du temps de Gallien.

  • 2Trentième. Chapitre trente. Page trente.
  • 3 Terme du jeu de paume. La moitié d'un jeu qui est de quatre points dont chacun vaut quinze.

    Donner demi-trente, donner à son adversaire 30 dans un jeu et 15. dans l'autre, et ainsi de suite alternativement.

  • 4Trente et un, jeu de hasard qui se joue avec des cartes ; il consiste à compléter 31 points : qui passe perd ; c'est un jeu de société.

    Point formant trente et un, le plus favorable du jeu. J'ai trente et un.

  • 5Trente et quarante, jeu de hasard qui se joue avec des cartes ; c'est un jeu de banque ; celui qui amène le plus près de trente gagne ; à trente et un il gagne double ; et à quarante il perd double. Elle a une aversion horrible pour le jeu, ce qui n'est pas commun aux femmes d'aujourd'hui ; et j'en sais une de nos quartiers qui a perdu, à trente et quarante, vingt mille francs cette année, Molière, l'Avare, II, 6. Finette : … pour l'expédier il lui propose un jeu Dont l'inventeur, je crois, mériterait le feu. - Le baron : De quel jeu parles-tu ? - Finette : C'est au trente et quarante, Destouches, Dissip. v, 2.
  • 6 Substantivement. Le nombre trente. Trente divisé par trois.

    On dit de même : le nombre trente, le numéro trente.

  • 7Le trentième jour du mois. Nous sommes aujourd'hui le trente du mois.
  • 8Trente-deux-pieds, un des tuyaux de l'orgue.

HISTORIQUE

XIe s. De ses parenz ensemble od lui tels trente, Ch. de Rol. CVIII.

XIIe s. Grans trente escheles [escadrons] [ils] establissent as porz [passages], Ronc. p. 127.

XIIIe s. Au manger sont assis, çà cent, çà vingt, çà trente, Berte, X.

XVe s. Jean Lyon n'estoit mie courroucé de telles avenues, mais voulsist bien que tous les jours il en advenist trente [quantité indéterminée], Froissart, II, II, 53.

XVIe s. Ce mesme marchand vendant une haquenée disoit à celui qui la vouloit achepter : Prenez-la hardiment, elle est bonne pour jouer à trente et un, car elle ne passe point, Bouchet, Serées, I, p. 404, dans LACURNE. [L'évêque de la Baume] estimant souveraine vertu d'un prelat de tenir gros plat et friande table avec bons vins, et s'en donnoit quant il y estoit jusques à passer trente et un, Bonivard, Anc. et nouv. police de Gen. p. 20.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, treint ; provenç. trenta ; esp. treinta ; portug. trinta ; ital. trenta ; du lat. triginta, de tres, trois.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TRENTE.
4Trente et un, ajoutez :

Fig. et familièrement, se mettre sur son trente et un, se vêtir de ses plus beaux habits.

L'explication de M. Eman Martin, Courrier de Vaugelas, 1er févr. 1876, p. 145, paraît la véritable : trente et un étant, à ce jeu, le point qui gagne, on aura dit que se mettre sur son trente et un, c'était mettre ce qu'on avait de plus beau.

9Le trente et un, le trente et unième jour du mois, dans les mois qui ont plus de trente jours. Le vieux dicton : trente et un, jour sans pain, misère en Prusse, est encore vrai en ce qui concerne la solde de ce jour : on n'accorde qu'extraordinairement aux troupes cantonnées le supplément d'entretien et le montant du versement à l'ordinaire pour le repas du midi, Journ. offic. 9 sept. 1872, p. 5925, 2e col.