« vaudeville », définition dans le dictionnaire Littré

vaudeville

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vaudeville

(vô-de-vi-l') s. m.
  • 1Chanson de circonstance qui court par la ville, et dont l'air est facile à chanter. Les premières journées de son mariage [avec une femme de mauvaise vie] furent troublées par le bruit des vaudevilles ; et durant quelques nuits il se fit grand désordre devant la porte de son logis, Guez de Balzac, le Barbon. Il y a des gens qui ressemblent aux vaudevilles que tout le monde chante un certain temps, quelque fades et dégoûtants qu'ils soient, La Rochefoucauld, Max. 211. D'un trait de ce poëme [la satire], en bons mots si fertile, Le Français, né malin, créa le vaudeville, Agréable indiscret, qui, conduit par le chant, Passe de bouche en bouche et s'accroît en marchant, Boileau, Art p. II. Elle [Anne d'Autriche] entendait de tous côtés ces chansons et ces vaudevilles, monuments de plaisanterie et de malignité, qui semblaient devoir éterniser le doute où l'on affectait d'être de sa vertu, Voltaire, Louis XIV, 4. Une collection très complète de tous les vaudevilles de la cour et de Paris, depuis plus de cinquante ans, où l'on trouvait beaucoup d'anecdotes qu'on aurait inutilement cherchées ailleurs ; voilà des mémoires pour l'histoire de France, dont on ne s'aviserait guère chez toute autre nation, Rousseau, Conf. x.

    Fig. C'est un vaudeville, se dit (acception qui vieillit) d'une pièce de théâtre, d'une brochure qui a pour sujet un événement du moment.

  • 2Vaudeville final, la chanson qui termine une pièce, et dont chaque personnage chante un couplet.
  • 3Pièce de théâtre où le dialogue est entremêlé de couplets faits sur des airs de vaudeville, ou empruntés à des opéras-comiques.

    Le Vaudeville, théâtre de Paris où l'on représente ces pièces.

HISTORIQUE

XVe s. Faisant l'amour, je ne sauroy rien dire, Ne rien chanter, senon un vau de vire, Basselin, XLIX.

XVIe s. Icy dessuz sont nommez les commencements de plusieurs chansons, tant de musique que de vau de ville, Rec. de farces, p. 316. Vaux de vire et mille chansons belles, La Fresnaye, Art p. II. Chantant en nos festins, ainsi les vaux de vire, Qui sentent le bon temps, nous font encore rire, ID. ib. Je n'ay, lecteur, entremeslé fort superstitieusement les vers masculins avecques les feminins, comme on use en ces vaudevilles et chansons qui se chantent d'un mesme chant par tous les couplets, Du Bellay, J. p. 96, dans LACURNE. Il estimoit cette opinion n'estre fondée que sur un simple vaudeville [bruit de ville], Pasquier, Rech. VI, p. 494, dans LACURNE. Vaudeville qui n'est en usage que parmi les crocheteurs, Garasse, Rech. des rech. p. 835, dans LACURNE. Chansons vulgaires et voix de villes, les autres disent vaux de villes, Saint-Julien, Mesl. hist. p. 263, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Ce paraît être une dénomination créée par Basselin pour les pièces de vers qu'il faisait dans le val de Vire (la Vire est une petite rivière de Normandie), et qui s'altéra en vaudeville.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VAUDEVILLE. - ÉTYM. Ajoutez : Voici des exemples de la forme voix de ville : " Adrian Le Roy, dans son recueil publié en 1571, Livre d'airs de cour miz sur le lutte, nous donne une preuve que l'une des deux appellations [airs de cour] avait succédé à l'autre [voix de ville]. Dans sa dédicace à très excellente Caterine de Clermont, comtesse de Retz, il dit, au sujet des chansons qui suivent dans son volume l'Instruction pour la tablature du lutte : Je me suis avisé de lui mettre en queue pour le seconder ce petit opuscule de Chansons de cour beaucoup plus legeres, que jadis on appeloit voix de ville, aujourd'hui airs de cour. En 1561, Layolle avait publié à Lyon Chansons et voix-de-ville, et en 1575, quoi qu'en eût dit A. Le Roy quatre ans auparavant, on voyait encore paraître à Paris Recueil de chansons en forme de voix-de-ville, par Jean Chardavoine, " ED. FOURNIER, Chansons de Gaultier Garguille, p. 7, Janet, 1858.