« épave », définition dans le dictionnaire Littré

épave

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

épave

(é-pa-v') adj.
  • 1 Terme de jurisprudence. Qui est égaré et dont on ne connaît point le propriétaire. Cheval épave. Biens épaves.
  • 2 S. f. Chose perdue et non réclamée dont la propriété appartenait au seigneur haut justicier, et dont la propriété appartient aujourd'hui à l'État. Les animaux à pied fourchu appartiennent au pacha dans les épaves, Chateaubriand, Itin. II, 36.

    Épaves maritimes, les objets que la mer jette sur ses bords.

    Épaves d'eau, objets trouvés dans les rivières ou sur leurs rives.

    Épaves d'abeilles, essaims égarés.

    Terme de droit coutumier. Épaves foncières et immobilières, héritages abandonnés, dont le propriétaire est inconnu.

    Droit d'épave, droit de s'approprier les choses épaves.

    Fig. Ce qui reste après perte ou ruine. Toute cette fortune est perdue ; il sera bien heureux s'il en recueille quelques épaves. Aurélien, Dioclétien, Maxence font exception ; de ceux-là il reste des monuments et des monuments considérables, épaves de ce grand naufrage de l'empire romain, Ampère, Hist. rom. à Rome, introd. p. LX.

HISTORIQUE

XIIIe s. Les cozes trouvées et les espaves, qui n'ont point de suite… doivent estre au segneur qui a la haute justice, Beaumanoir, LVIII, 3. La coze n'est pas espave qui est porsivye de celi cui ele est, Beaumanoir, LXIX, 25.

XIVe s. Espaves sont hommes et femmes nez dehors le royaume, de si lointains lieux, que l'on ne peut en royaume avoir conoissance de leurs nativitez, Du Cange, espavus. Pour confisquier à lui et à son domaine comme espaves et estraners, Ordonn. des rois, t. VII, p. 544.

XVe s. Un cerf s'en pourra bien aller [hors du pays], de l'espave et effreinte des chiens, Gaston Phebus, Chasse, ms. p. 218, dans LACURNE.

XVIe s. David estoit perplex et comme espave, sinon d'autant que la promesse l'asseuroit, Calvin, Instit. 686. Comme disoit Octavian [Auguste] que il fault éviter les motz espaves, en pareille diligence que les patrons de navire evitent les rochiers de mer, Rabelais, Pant. II, 6. Des espaves et prises de mer, la somme de vingt et un milions de livres tournois liquides…, Froumenteau, Finances, 1er liv., p. 17.

ÉTYMOLOGIE

Bas-latin, espavus, espava ; du lat. expavidus, effrayé, écarté par la peur (parce que ce mot s'est dit d'abord des bêtes effrayées et égarées), de ex, et pavidus (accent sur pa), de pavor (voy. PEUR).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉPAVE. - ÉTYM. Ajoutez : La similitude de son entre épave et Pave avait suffi pour donner lieu à une pratique superstitieuse que Guy Coquille expose ainsi : Ce mot a donné occasion à auscuns chrestiens de facile creance de s'adresser par priere à saint Antoine de Padoue de l'ordre de Saint-François pour recouvrer les choses égarées, parce que en ancien langage italien on appelle Pava ce qu'aujourd'hui on appelle Padoüa, en laquelle ville repose et est grandement veneré le corps de saint Antoine dit de Padoue ou de Pade, que d'ancienneté on appelloit saint Antoine de Pave, Instr. au droit françois, p. 14, éd. 1666 de ses œuvres.