« berceau », définition dans le dictionnaire Littré

berceau

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berceau

(bèr-sô) s. m.
  • 1Lit des enfants à la mamelle, fait d'ordinaire de telle façon qu'on peut lui communiquer un mouvement de balancement. Un enfant couché dans son berceau. Les berceaux dans les salles de cet hôpital sont trop rapprochés. Joas, enfant encore au berceau, Bossuet, Hist. I, 6. Les enfants mêmes dans le berceau sont forts, Bossuet, Politiq. Athalie étouffa l'enfant même au berceau, Racine, Athal. I, 1.
  • 2 Par extension, la première enfance. Après avoir été attrapé, comme je l'ai été, en ce que j'ai dit de ceux qui ont mémoire de ce qu'ils ont fait au berceau, Voiture, Lettr. 57. Il fallait qu'ils fussent tous deux au berceau, Corneille, Ex. d'Hér. Les enfants apprenaient dès le berceau à…, Bossuet, Hist. III, 5. Il passa pour ainsi dire du berceau sur le trône, Massillon, Louis XI. Au sortir du berceau vous m'avez établi sur le trône, Massillon, Malh. Votre Oreste au berceau va-t-il finir sa vie ? Racine, Iphig. I, 1. Je sortais du berceau…, Voltaire, Zaïre, II, 1. Pour moi, des Sarrasins esclave en mon berceau, Voltaire, ib. I, 1. Nous demandons des sourires au berceau et des pleurs à la tombe, Chateaubriand, Génie, I, 1.

    Étouffer le monstre au berceau, étouffer le mal dès sa naissance. Étouffer l'hérésie dans son berceau, Patru, Plaid. 4, dans RICHELET.

  • 3 Fig. Lieu où l'on est né, où une chose a commencé ; naissance, commencement. La ville qui fut le berceau de l'éloquence. Les Romains ont rasé Albe qui était leur berceau. Art qui était encore au berceau. Les arts sont encore au berceau dans ce pays. De mon sort fixons l'incertitude, Dussé-je en mon berceau trouver la servitude ! Chénier M. J. Œdipe roi, IV, 4. Adieu, charmant pays de France, Que je dois tant chérir ! Berceau de mon heureuse enfance, Adieu ! te quitter c'est mourir, Béranger, M. Stuart. Les Égyptiens mettent leur orgueil à cacher leur berceau sous les siècles, Chateaubriand, Génie, I, IV, 2. Cette Église devait être attaquée dès son berceau, Bossuet, Paul, 1.
  • 4Treillage en voûte garni de verdure. Faire monter la vigne en berceau. Dîner sous un berceau. Inquiet de ce que me voulait Dumont avec tant de mystère, je gagnai doucement l'entrée des berceaux [de Marly], Saint-Simon, 285, 120. Esprits aériens de la terre et des eaux Dont les soupirs parfument ces berceaux, Delavigne, Paria, II, 6. Allée en berceau, allée couverte.

    Longue allée souvent couverte d'une voûte de charmille, pour s'exercer à tirer de l'arc, de l'arbalète, etc. Tirer au berceau.

  • 5Outil du graveur pour travailler en manière noire.
  • 6En typographie, berceau de presse, partie antérieure de la presse, sur laquelle roule le marbre.
  • 7 En termes d'architecture, voûte en plein-cintre.
  • 8Berceau de la Vierge, nom vulgaire de la clématite des bois.

    XIIIe s. Ele lur roe [demande] isnelement Un berssoil quere bel e gent, Où bien puist se coucher sis fis, Qui encor iert assés petis, Grégoire le Grand. p. 21. Après [elle] le coucha el bercuel, o [avec] plors, o lermes, o duel, ib. p. 22. Quant le bers veiras devant tei, Où tes anfes fu morz par mei, Marie de France, t. II, p. 272. Fors seul Helain qu'en escapa, Et fors un autre en berc petit, Roman de Partonopeus, t. I, p. 11. Li raz neïs [même] l'estrangleroient, Quant au bersueil le troveroient, la Rose, 18018. Et li bon quens d'Artois Robers, Qui dès lors qu'il issi du bers, Hanta tous les jors de sa vie Largece, honor, chevalerie, ib. 18901. Pot estre que li sous aagiés seroit encore en bers, Beaumanoir, XVI, 8.

    XIVe s. Les quelz avoient laissié en leur hostel sans aucune garde un leur petit enfant, qui estoit au barseul, Du Cange, berciolum. Quand elle eust couché icelle fille en un berch, Du Cange, ib. Un berseil à parer qui avoit esté paint et ordonné pour feu M. le Daulphin, De Laborde, Émaux, p. 164.

    XVe s. Là où foy une, ung fons et ung bapteme, Ung bers, un sang, un lien doibt estraindre…, Chastelain, Expos. sur vérité.

ÉTYMOLOGIE

Berry, berciau, barciau ; provenç. bers, bres, bretz, bressol ; portug. berço ; bas-lat. berciolum, berceolum. Du Cange le tire du bas-latin bersa, claie d'osier, treillage, dont on environnait les forêts de chasse ; ce mot ayant été transporté au bers ou berceau, qui est fait d'osier. Diez n'admet pas cette étymologie ; il croit que bercer est le même que berser, vieux français, tirer de l'arc, chasser, percer d'une flèche. Trouvant dans un texte bas-latin d'Italie bercellus ou barbicellus, signifiant bélier à battre les murailles, il suppose un verbe italien berciare, frapper, heurter (im-berciare existe avec le sens de toucher le but, donner dans le blanc) ; d'où ensuite les sens de frapper avec une flèche, de chasser, et aussi de bercer, c'est-à-dire agiter comme le bélier qui frappe une muraille. Il manque trop d'intermédiaires pour qu'on ajoute confiance à cette dérivation ; et il vaut mieux s'en tenir à l'étymologie donnée par Du Cange, bersa.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BERCEAU.
7 En termes d'architecture, voûte à intrados cylindrique. Berceau en plein ceintre, surbaissé, surhaussé, en anse de panier.