« chaste », définition dans le dictionnaire Littré

chaste

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chaste

(cha-st') adj.
  • 1Qui s'abstient de tout amour illicite. Élevé dans le sein d'une chaste héroïne, Racine, Phèd. IV, 5. C'est moi qui sur ce fils chaste et respectueux Osai lever un œil profane, incestueux, Racine, ib. V, 7. Ses discours craints du chaste lecteur, Boileau, Art p. II. Ces mines qu'elles affectèrent durant toute la pièce firent dire de tous côtés cent sottises de leur conduite qu'on n'aurait pas dites sans cela ; et quelqu'un même des laquais cria tout haut qu'elles étaient plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps, Molière, Crit. 3. Ce Triphon, qui a tous les vices, je l'ai cru sobre, chaste, libéral, humble et même dévot, La Bruyère, VI. Sobres, chastes et purs, l'œil et l'âme attentive, Veillez ; je suis tout proche et frappe à votre cœur, Racine, à Laudes, Ales. Cette chaste épouse du Fils de Dieu [l'Église], Pascal, dans GIRAULT-DUVIVIER.

    Les chastes sœurs, les muses. Chastes nymphes du Permesse, Boileau, Namur.

  • 2En parlant des choses, qui est conforme à la chasteté. Chastes feux, Corneille, Hor. I, 1. Chaste amour, Racine, Brit. III, 1. Afin que nous commencions, malheureux pécheurs, à verser sur nous-mêmes un torrent de larmes, et que, ravis des chastes attraits de l'innocence, jamais nous ne nous lassions d'en pleurer la perte, Bossuet, Marie-Thérèse. Si, comme nos prédécesseurs, nous faisons nos chastes délices de votre Écriture, notre principal exercice de la prédication de votre parole, Bossuet, le Tellier. Serre d'une étreinte si ferme Le nœud de leurs chastes amours, Que la seule mort soit le terme Qui puisse en arrêter le cours, Malherbe, II, 4. La chaste obscurité des branches murmurantes, Hugo, Voix intér. XIX.
  • 3D'une grande pureté grammaticale. On ne peut voir une diction plus chaste ni plus correcte, Costar, dans BOUHOURS, Nouvelles remarques. Je m'étonne que votre style puisse être si chaste, étant si mâle et si fort, Costar, ib.

    Forme chaste, dans la littérature, quelque chose de réservé et que l'on compare à la chasteté, à la pudeur.

REMARQUE

Ménage (Menagiana, p. 245) a dit : " Le mot de chaste n'est plus en usage dans notre langue il y a déjà du temps, et on a repris la chaste Sylvie dans mes poésies. Le mot de sage est en usage dans la même signification. " Ménage se trompait, même pour son temps, comme le montrent les exemples de Pascal et de Corneille ; et chaste est resté pleinement en usage.

HISTORIQUE

XIIIe s. Se tu trueves chaste moillier, la Rose, 8749.

XIVe s. Les chastes ont le cuer et la conscience clers, nets et luisans, Ménagier, I, 3.

XVe s. Et lui portoient renommée ceux du pays qui le connaissoient [le roi de Portugal] que encore estoit-il caste et n'avoit oncques eu compagnie charnellement avec une femme, Froissart, II, III, 56. Saige Cassandre, bele Echo, Digne Judith, caste Lucresse, Orléans, Bal. 102.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. cast ; espagn. et ital. casto ; du latin castus.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHASTE. Ajoutez :
4Il se dit aussi de la pureté morale. La question est si… on peut s'empêcher de nourrir dans son cœur le chaste amour de la récompense, Bossuet, Rem. sur la réponse (de Fénelon) à la Relation sur le quiétisme.