« cotte », définition dans le dictionnaire Littré

cotte

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cotte [1]

(ko-t') s. f.
  • 1Jupe de paysanne, plissée par le haut à la ceinture. Cotte de serge. Tenez, voilà votre couronne, rendez-moi ma cotte grise, Fénelon, XIX, 5.

    Toute espèce de jupe. … J'ai encore un demi-ceint, deux cottes, Une robe de serge, un chaperon, deux bas, Trois chemises de lin, six mouchoirs, deux rabats, Régnier, Sat. X. Ses gens [de Mme de St-Herem] la trouvèrent, ses cottes troussées, entre les mains de cet enragé, Saint-Simon, 97, 26. Gaiement frappons Sots et fripons En casque, en mitre, en cotte, Béranger, Marotte.

    Fig. Donner la cotte verte, jeter une fille sur l'herbe en folâtrant avec elle. Le cygne avait fait son devoir, et les deux Sylvains le leur ; devoir de courir et rien davantage, hormis qu'ils dérobèrent à la suivante quelques baisers, lui donnèrent quelques brins de thym et de marjolaine, et peut-être la cotte verte, La Fontaine, Psyché, II, p. 184.

    Trousser la cotte d'un enfant, lui donner le fouet.

    Corps de cotte, le corps piqué que les femmes portaient sous leurs robes et où elles attachaient leurs jupes ou cottes.

  • 2Cotte morte, dans quelques couvents, succession d'un religieux en fait d'habits, de meubles, d'épargnes.
  • 3Cotte d'armes, habillement que mettaient autrefois les chevaliers sur leurs armes, tant à la guerre que dans les tournois, et qui était porté par les hérauts d'armes. La cotte d'armes était ouverte par les côtés, avait des manches courtes et descendait jusqu'au nombril. Le roi Jean était remarquable par sa cotte d'armes semée de fleurs de lis d'or, L'Abbé de Choisi, Vie du roi Jean, liv. I, ch. 2.
  • 4Cotte de mailles ou cotte d'armes, armure défensive faite en forme de chemise, et tissue de plusieurs petits anneaux ou mailles de fer. Le consul Livinius, après avoir offert des vœux aux Dieux dans le Capitole, partit de Rome revêtu d'une cotte d'armes selon la coutume, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. IX, p. 37. Leur cotte à maille d'or et la gaîne éclatante Où repose l'épée à leur côté pendante, Delille, Énéide, VII. … Et perce, avec son sein, Sa riche cotte d'or, ouvrage de sa mère, Delille, ib. X.
  • 5 Terme de charcuterie. Le boyau de porc qui forme la saucisse.

HISTORIQUE

XIIe s. Que est avoir cotte juske al talun, se avoir n'est esperance juske à la fin ? Job, 448.

XIIIe s. Cote [elle] ot d'un blanc bliaut et mantel mout très cher, Berte, XI. Et sa cote qui ert [était] en maint lieu despanée, ib. XLVI. Cil qui crient par la vile la cote et la chape ont achaté le mestier de freperie, Liv. des mét. 200. Fame est plus cointe et plus mignote En sorquanie [souquenille] que en cote, la Rose, 1226. Et chascun deit aveir cote à armer et ganbisson se il viaut [veut], Ass. de J. I, 170. Li hons de poeste se presente à pié, en pure se [sa] cote, sans armeure, fors de baston et d'escu, Beaumanoir, LXIV, 3. Le roi sailli de son lit tout deschaus, une cote, sans plus, vestue, Joinville, 196.

XVe s. Et prirent dix ou douze des compagnons ès quels ils se confioient le plus, et se vestirent de povres cotes deschirées et de povres chapeaux, en guise de povres marchands, Froissart, I, I, 131. Une bonne cote hardie Me donna de vingt florins d'or, Froissart, Poésies mss. p. 383, dans LACURNE. Selon l'esté et les yvers Et la saison des temps divers, Fault chauces et cotte hardie [sorte de vêtement], Courtelette, afin que l'en die : Vez là biau pié et faiticet, Deschamps, Poésies mss. f° 497, dans LACURNE. À chascun doit souffire, quoi qu'on die, Vivre, une chambre, une cotte, un cheval, ib. f° 63. Se povres est, ait de gros drap cotte ; Et, quant il doit porter la hotte, Ou faire aucun labour de bras, Ait ung surpeliz de bourras, Qui sa robe honneste lui tiengne, ib. f° 518. Escu lui fault, espée et lance, Cotte d'acier et garde-bras, ib. f° 504. J'ay esté de divers estas, Et oÿ crier plusieurs cris, La cote, la chappe, vieulz draps, L'engin à prendre les souris, Pastez chauls, le sel blanc, le riz, Chastaignes, fromaiges de Brie, ib. f° 354. Après que nostre homme fust arrivé à l'ost des Anglois avecques sa cotte d'armes sur le doz, Commines, IV, 7. Si estoient les pucelles vestues de cottes parties d'ung vermeil samys encontre ung blanc, et les jouvenceaux estoient aussy vestus de cottes, mais elles estoient parties d'ung samys jaulne encontre ung azuré, Perceforest, t. II, f° 117. Une cotte simple [jupon] de satin, Louis XI, Nouv. XXVII. Madame se mit en cotte simple [jupon de dessous], et print son atour de nuit, Louis XI, XXXIV.

XVIe s. Aussi Jacques, au lieu de baisser la cotte verte à s'amie, lui baissa la cotte rouge, Marguerite de Navarre, Nouv. XLIV. Que de plaisir de voir sous la nuit brune, Quand le soleil a fait place à la lune, Au fond des bois les nymphes s'assembler, Monstrer au vent leur gorge descouverte, Danser, sauter, se donner cotte verte, Et sous leur pas tout l'herbage trembler, Desportes, Œuvres, p. 587, dans LACURNE. Là les buissons et les beaulx taillis verds Estoient si fort de feuillettes couvers, Que très belle umbre faisoient les raminseaulx, Pour y tailler verte cotte à l'envers, Chasse d'amours, p. 39, dans LACURNE. Et sur ce point j'eus grant envye De lui donner à descouvert Joyeusement la cotte vert, Roger de Collerye, Œuvres, p. 53, dans LACURNE. Femme sotte se cognoist à la cotte, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Wallon, cote ; provenç. cot, s. m. et cota, cotha, quota ; catal. cot ; espagn. et portug. cota ; ital. cotta ; bas-latin, cotta, cottus dans un texte du IXe siècle. Diez le tire de cutis, peau ; mais il y a deux difficultés : la déclinaison et surtout la déclinaison au masculin, supposant cuta et cutus ; puis le sens ; au lieu que le celtique et l'allemand se réunissent pour donner une étymologie : gaél. cot ; angl. coat, vêtement ; allem. Kutt, Kittel, tunique.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. COTTE. Ajoutez : - REM. Il ne faut pas confondre la cotte d'armes et la cotte de mailles, confusion qui se trouve dans l'article. La cotte d'armes était une tunique de peau renforcée par des bandes de cuir, des anneaux ou des chaînes métalliques cousues sur l'étoffe. La cotte de mailles était une armure défensive faite en forme de chemise et composée d'anneaux ou de mailles de fer engagées les unes dans les autres (la cotte de mailles n'était pas connue des Romains ; elle est tout au plus un peu antérieure aux croisades). Par conséquent, en parlant des Romains, on dira cotte d'armes ; et on réservera la cotte de mailles pour les chevaliers du moyen âge.