« monceau », définition dans le dictionnaire Littré

monceau

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monceau

(mon-so) s. m.
  • 1Amas fait en forme de petit mont, entassement confus d'objets. Dressons-lui des autels sur des monceaux d'idoles, Corneille, Poly. II, 6. Un jour donc l'animal [singe] qui ne cherchait qu'à nuire, Détachait du monceau tantôt quelque doublon, Un jacobus, un ducaton, La Fontaine, Fabl. XII, 3. [La chicane]… dévorant maisons, palais, châteaux entiers, Rend pour des monceaux d'or de vains tas de papiers, Boileau, Lutr. V. Il avait rassemblé en un monceau toutes les dépouilles qu'il ne voulait point transporter à Rome, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. IX, p. 158, dans POUGENS. Puisse leur liberté préparant leur ruine… Sous des monceaux de morts avec eux disparaître ! Voltaire, Scythes, V, 4. À la mort de ce troisième empereur d'Occident, il s'éleva de nouveaux royaumes en Europe, comme des monceaux de terre après les secousses d'un grand tremblement, Voltaire, Mœurs, 24.

    Familièrement. Avoir des monceaux d'une chose, en avoir beaucoup.

    Fig. Il fallait que sa rage… Allât encor de lois embrouiller le Digeste, Cherchât pour l'obscurcir des gloses, des docteurs, Accablât l'équité sous des monceaux d'auteurs…, Boileau, Sat. VIII.

  • 2 Terme d'horticulture. Greffe en monceau, greffe par approche, sur tige, qui se fait en introduisant la tête du sujet coupée en pointe, dans une entaille faite à un arbre.

HISTORIQUE

XIIe s. Od [avec] l'espée d'acer sanglante, Dunt à la terre [il] les cravente [jette] Espessement e à monceaus, Benoit de Sainte-Maure, II, 2259. Puis ruerent Absalon en une grant fosse, e jeterent pierres sur lui, si que il i out un grant muncel, Rois, p. 187.

XIIIe s. Il [le phénix] s'en va à un bon arbre savourous et de bone odor, et en fait un moncel où il fait le feu esprendre, Latini, Trés. p. 214. Si chaï [tomba la tour] jus tot en un moncel, Merlin, f. 31, verso. L'en le deüst miex mener pendre Que tuit ces autres larronciaus Qui deniers emblent à monciaus, la Rose, 7402.

XIVe s. Li mort et li navré gisoient par monchiaus, Baud. de Seb. VIII, 606. Les monceaux de la dicte blée [blé] noans [flottant] par-dessus l'eaue avecques le limon, Bercheure, f° 29, recto.

XVIe s. De bien commun on ne fait pas monceau, Loysel, 380. Tout compté, il y a plus de peine à garder l'argent qu'à l'acquerir… et depuis que vous… avez planté vostre fantasie sur certain monceau…, vous n'oseriez l'escorner, Montaigne, I, 315.

ÉTYMOLOGIE

Berry, moncel, monciau ; norm. monciau ; provenç. moncel ; du lat. monticellus, petit mont, diminutif de mons, montis (voy. MONT).