« soigner », définition dans le dictionnaire Littré

soigner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

soigner

(soi-gné) v. a.
  • 1Avoir soin de quelqu'un ou de quelque chose. Ils [certains hommes] envient la condition des bêtes, qui n'ont que leur corps à soigner, Bossuet, Conn. V, 1. Enfin je tombai tout à fait malade ; elle me soigna comme jamais mère n'a soigné son enfant, Rousseau, Confess. V. Les nouveaux venus, les plus jeunes apprenaient des anciens à soigner leurs habits, leur linge, à conserver leurs livres, Marmontel, Mém. I. Jadis les demoiselles Soignaient les chevaliers qui se battaient pour elles, Collin D'Harleville, Chât. en Esp. IV, 5. Elle m'avait répondu qu'une femme était faite pour soigner le ménage de son mari et la santé de ses enfants, Staël, Corinne, XIV, 1.

    Soigner des enfants, veiller à ce qu'ils soient propres, bien entretenus, etc.

  • 2Soigner un malade, signifie aussi l'assister comme médecin. On l'a soigné longtemps pour une névralgie opiniâtre.
  • 3Apporter de l'attention, du soin à quelque chose. Soigner les accessoires d'un tableau. De même que Platon, Zeuxis et tous ceux qui aspirent à la perfection, il [Euripide] jugeait ses ouvrages avec la sévérité d'un rival, et les soignait avec la tendresse d'un père, Barthélemy, Anach. ch. 69. Massillon, le plus élégant de nos orateurs sacrés, n'a rien tant soigné que son Petit carême, Marmontel, Œuv. t. IX, p. 152.
  • 4 Populairement. Soigner quelqu'un, le gronder, le punir, le battre. On le soignera.
  • 5 V. n. Veiller à quelque chose (emploi qui a vieilli). Sous ombre que vous avez à cette heure une infinité d'affaires ; que vous soignez à fortifier un camp et à prendre une ville…, Voiture, Lett. 83. Le prince : Faites observer qu'aucun ne nous écoute. - Théodore : Soignez-y, Léonore, Rotrou, Vencesl. IV, 2. Rien, rien, dit-il : à cela j'ai soigné, La Fontaine, Faiseur. Soigne, avant de l'offrir, qu'il soit bien ajusté, La Fontaine, Eunuque, III, 3.
  • 6Se soigner, v. réfl. Avoir soin de sa personne. Il aime à se soigner. Vous ne vous soignez pas assez.

HISTORIQUE

XIIIe s. Cevax et reubes lor faisoit Soignier tant come il en voloient, Roi Guillaume, p. 17, dans DU CANGE, Gloss. franç. Et doie retenir à mien toutes les menandies ke li signors ont à Antillei, se il me veulent songnier [fournir] merrien en leur boix, Du Cange, soniare. Et se nous ou nostre hoir voliens faire ovrer aus murs de la vile de Vauquelour pour la fermetei, il nous soigneroient [fourniraient] une charrete à dous chevaus et le charreton à tout lour coulz, Bibl. des ch. 6e série, t. III, p. 596.

XVe s. Si leur pria… qu'ils volsissent si bien penser et soigner de Tournay, que nul domage ne l'en prist, Froissart, I, I, 126. Si soignez de la garnison [le comte de Flandre à Daniel de Hallevin qu'il fait capitaine d'Oudenarde], Froissart, II, II, 161.

XVIe s. Il leur respondit qu'ils se soignassent d'eulx, Montaigne, I, 123. De m'en soigner [des affaires d'autrui], ouy ; de m'en passionner, nullement, Montaigne, IV, 147. Je n'ay jamais aimé à besongner, Ny du mesnage aucunement soigner, Amyot, Arist. et Cat. 6. Pour la premiere année se faudra soigner qu'aucun bestail ne paisse dans le nouveau pré, De Serres, 264.

ÉTYMOLOGIE

Soin.