« tistre », définition dans le dictionnaire Littré

tistre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tistre

(cet infinitif, aujourd'hui inusité, se prononçait sans doute tî-tr') v. a.
  • Il signifie tisser et est usité seulement au participe passé tissu, et aux temps qui en sont composés. Elle a tissu elle-même cette toile… L'accable de baisers, et pour comble lui donne Un bracelet de façon fort mignonne, En lui disant : il est de mes cheveux, Je l'ai tissu, La Fontaine, Joc.

    Fig. Oui, c'est moi, cher amant, qui t'arrache la vie ; Roxane ou le sultan ne te l'ont point ravie : Moi seule j'ai tissu le lien malheureux Dont tu viens d'éprouver les détestables nœuds, Racine, Bajaz. v. 12.

    Fig. C'est lui qui a tissu cette intrigue, c'est lui qui l'a conduite. La pièce est délicate et ceux qui l'ont tissue…, Corneille, Nicom. JJ, 3.

HISTORIQUE

XIIIe s. Pour moi, las, dolereux chetis ! Qui sait se je forge ou je tis, Ou se je sui ou mors ou vis [vif] ? la Rose, 8532. Li gieus fet ce que l'en ne cuide ; Qui que tisse, chascuns desvide, Rutebeuf, 32.

XIVe s. Et sans toy, qui se's et ministre, Je ne puis seule l'œuvre tistre, Nat. à l'alch. 1048. Chà [çà], dist le chevaliers, sire, n'atendez plus ; Achatez ce drap chi [ci], qui est si bien tissus, Beaud. de Seb. III, 58. La vessie est tissue de deux peaulx dont chascune est nerveuse, Lanfranc, f° 35.

XVe s. Ceuls-ci tissent la sainte toile De religion et le voile, Deschamps, Poésies mss. f° 545.

XVIe s. Ou à tissir, pour fromages former, Panier d'osier et fiscelles de jonc, Marot, I, 220. L'araignée nous a apprins à tistre et à coudre, l'arondelle à bastir, Montaigne, II, 74. La nuict, d'autres desfaisoient tout ce qu'elles avoient faict et tissu le jour, Amyot, Rom. III. J'en ay tissu une narration qui ne sera point, ce me semble, inutile, Amyot, Nicias, 2. Jamais homme ne se mettra à vouloir tixtre un drap ou ourdir une toile qu'il ne l'ait auparavant appris, Amyot, Que la vertu se peut apprendre, 2. Voilà comment sur le mestier humain Non les trois sœurs, mais amour de sa main Tist et retist la toile de ma vie, Du Bellay, J. II, 31 recto.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, teh ; prov. teisser ; cat. texir ; esp. tejir ; port. tecer ; it. tessere ; du lat. texere, tisser.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TISTRE. Ajoutez : Le principal exercice des femmes du Soleil [au Pérou] était de filer, de tistre…, Garcilasso de la Vega, Hist. des Yncas, t. I, p. 337, trad. de Baudoin, éd. de 1704.