« tournoyer », définition dans le dictionnaire Littré

tournoyer

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tournoyer

(tour-no-ié ; quelques-uns disent : tour-noi-ié) v. n.

Il se conjugue comme employer.

  • 1Tourner en faisant plusieurs tours. Les grands chemins qui tournoient entre des montagnes, Descartes, Méth. II, 2. Ainsi jamais il n'est la proie Du lion toujours rugissant, Qui, pour surprendre l'innocent, Tout à l'entour de lui tournoie, Corneille, Imit. I, 13. C'est comme dans une forêt, après avoir longtemps tournoyé parmi des sentiers embarrassés, se retrouver au point d'où on était parti, Bossuet, 5e avert. 59. Il voit les tristes bords du fleuve marécageux dont les eaux bourbeuses et dormantes ne font que tournoyer, Fénelon, Tél. XVIII. Démocrite, Épicure et Lucrèce, avec leurs atomes déclinant dans le vide, étaient pour le moins aussi enfants que Descartes avec ses tourbillons tournoyant dans le plein, Voltaire, Systèmes, not. Les mains cherchent les mains ; soudain la ronde immense Comme un ouragan sombre en tournoyant commence, Hugo, Ballades, Sabbat.
  • 2 Fig. et familièrement. Biaiser, chercher des détours. C'est en vain qu'on tournoie : il en faut venir à reconnaître le consentement à sa perte [à la damnation], Bossuet, Préf. sur l'instr. past. de M. de Cambrai, 20.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

REMARQUE

Saint-Simon l'a employé activement, au sens d'écarter : On n'entendait plus parler du prince Louis, depuis qu'on l'avait tournoyé et laissé de côté, Saint-Simon, 118, 32.

HISTORIQUE

XIIe s. Contre le ciel [il] va moult bien torniant Son fort espié…, Ronc. p. 37.

XIIIe s. Et dirai dou roi Richart qui fu preus et hardi… et venoit tournoyer es marches de France et de Poito, Chr. de Rains, p. 17. Ou sus charbon ou sur greïlles, Ou tournoiés à grans chevilles, Comme Yxion, à tranchans roes Que maufé [les diables] tornent à lor poes [pattes], la Rose, 19480. Si te puisse tornoier fievre, Ren. 21202. Ma feme het le tornoier [n'aime pas que j'aille au tournois], Poésies mss. avant 1300, t. III, p. 1270, dans LACURNE. J'irai as paiens tornoier [combattre], Partonop. v. 2071. Et se parti de Cambaluc, et ala bien quatre moys de journées vers ponent, et pour ce vous conterai tout ce que il vit en celle voie alant et tournoyant, Marc Pol, p. 348.

XIVe s. Il [le renard] fuit en tournoyant, Modus, f° X.

XVe s. Entandis que le chevalier tournoyoit au roy escossois, Perceforest, t. II, f° 149. Auquel jour il seroit lui quarantiesme de nobles hommes, montez et armez chascun la lance et l'espée au poing, et icelles espées seroient rabattues et les pointes coupées, pour courre la lance contre autres quarante qui y viendroient, et puis tournoyer des dites espées, Math. de Coucy, Hist. de Ch. VII, p. 679, dans LACURNE.

XVIe s. J'ai mieux aimé au coin d'une maison Du ciel apprendre et l'ordre et la raison… Que, tournoyant la terre pas à pas, Voir tout le monde et ne l'entendre pas, Saint-Gelais, 215. Et lui dirent qu'ilz sçavoient un chemin tournoyant que les ennemis ne gardoient point, Amyot, Flam. 6. Il mect, entre l'historien et celui qui fait chose digne d'histoire, pareille difference qu'entre le heraut, ou trompette, et le tournoyant en la lice, Du Bellay, M. Prol. La colique se fait par une contorsion, c'est à dire que les boyaux s'entortillent et tournoyent, de sorte…, Paré, XV, 65 bis. Le vin se verse, et l'escumeuse couppe De main en main tournoye par la troupe, Ronsard, 627. Tournoyant et flottant dans cette mer vaste, trouble et ondoyante des opinions humaines, Montaigne, II, 256.

ÉTYMOLOGIE

Dérivé de tourner ; provenç. torneiar, tornegar, torniar ; catal. tornejar ; espagn. tornear ; ital. torniare.