« voyageur », définition dans le dictionnaire Littré

voyageur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

voyageur, euse

(vo-ia-jeur, jeû-z' ; quelques-uns disent voi-ia-jeur) s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui est actuellement en voyage. Et, détachés de vos biens, vous vous tenez aussi prêts à les quitter, qu'un voyageur empressé à déloger de la tente où il passe une courte nuit, Bossuet, le Tellier. Un jour, dit un auteur, n'importe en quel chapitre, Deux voyageurs à jeun rencontrèrent une huître, Boileau, Épît. II. Les voyageurs, s'environnant toujours de leurs usages, de leurs habitudes, de leurs préjugés, de tous leurs besoins factices, ont, pour ainsi dire, une atmosphère qui les sépare des lieux où ils sont, comme d'autant d'autres mondes différents du leur, Rousseau, Ém. v. Mais quoi ! les voyageurs font bientôt connaissance, Collin D'Harleville, Chât. en Espagne, II, 10.
  • 2Particulièrement, celui qui fait ou a fait de grands voyages. Il savait parler aux voyageurs de ce qu'ils avaient découvert ou dans la nature, ou dans le gouvernement, Bossuet, Louis de Bourbon. Les voyageurs français Chardin et Tavernier nous ont appris quelque chose de ce grand prophète [Zoroastre], par le moyen des guèbres ou parsis qui sont encore répandus dans l'Inde, Voltaire, Dict. phil. Zoroastre. Un voyageur ne connaît d'ordinaire que très imparfaitement le pays où il se trouve ; il ne voit que la façade du bâtiment ; presque tous les dedans lui sont inconnus, Voltaire, Mél. litt. à M***
  • 3Fig. En termes de dévotion. Le fidèle qui vit sur la terre, par opposition aux saints qui jouissent du bonheur éternel. Le chrétien ne mérite pas de se réjouir dans le ciel, s'il n'a auparavant appris à gémir dans ce lieu de pèlerinage ; car, pour être vrai chrétien, il faut sentir qu'on est voyageur, Bossuet, Panégyr. Ste Thér. 2. Nous sommes en ce monde comme des voyageurs bannis de notre patrie… or cet état de voyageur consiste à s'avancer dans les voies de Dieu, et rien n'y répugne tant que de demeurer oisif, Fléchier, Sermon pour la Toussaint.
  • 4 Adj. Les oies voyageuses se portent fort avant dans les terres méridionales du nouveau monde, Buffon, Ois. t. XVIII, p. 96. Cette espèce n'est pas voyageuse, et se trouve toute l'année à Balsriver, Buffon, Quadrup. t. XI, p. 171. Comme la vague orageuse S'apaise en touchant le bord, Comme la nef voyageuse S'abrite à l'ombre du port, Lamartine, Harm. I, 8. L'eau du saint fleuve [Jourdain] emplit sa gourde voyageuse, Hugo, Odes, I, 9.

    Fig. Quand le vent sème au loin un poison voyageur, Hugo, Odes, I, 11.

    Commis voyageur, commis qui voyage pour les affaires d'une maison de commerce.

HISTORIQUE

XVIe s. Xenomanes le grand voyaigeur, et traverseur de voyes perilleuses, Rabelais, Pant. 4, 1.

ÉTYMOLOGIE

Voyager.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VOYAGEUR. Ajoutez :
5 Arbre du voyageur, le ravenala madagascariensis, Baillon, Dict. de bot. p. 248. Sonnerat, le premier, a décrit le ravelana, l'arbre du voyageur, de nos jours presque poétisé par une sorte de légende, E. Blanchard, Rev. des Deux-Mondes, 1er juill. 1872, p. 73.
6Nom donné par les enfants aux graines de cha don que le vent meut dans l'air. Pareils à ces vaporeuses graines des chardons que les enfants nomment des voyageurs, A. Theuriet, Rev. des Deux-Mondes, 1er oct. 1874, p. 553.

REMARQUE

Au XVIIe siècle, on prononçait souvent, au pluriel, voyageux. Les dieux prennent quelquefois la figure des voyageux, Racine, Lexique, éd. P. Mesnard.