« ébattre », définition dans le dictionnaire Littré

ébattre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ébattre (s')

(é-ba-tr') v. réfl.

Il se conjugue comme battre.

  • 1Se donner un mouvement folâtre. Elle était descendue avec ses compagnes pour s'ébattre sur le rivage, Perrot D'Ablancourt, Lucien, t. I, dans RICHELET. La gazelle s'allait ébattre innocemment, La Fontaine, Fabl. XII, 15. Mes camarades venaient me chercher pour m'ébattre avec eux, Rousseau, Confess. I. Là, qu'il coure, qu'il s'ébatte, Rousseau, Em. II.
  • 2Se divertir. Tu liras ces vers où jeune je m'ébats, Régnier, Sat. I.

REMARQUE

Ébattre est aujourd'hui un verbe réfléchi, et on ne peut l'employer activement Mais autrefois, comme on peut le voir à l'historique, il s'employait activement ; il y a donc faute contre l'usage et archaïsme, mais non faute contre la langue dans ce vers de Lamartine (non qu'il ait songé à un archaïsme) : Nous regardions le fleuve ébattre son rivage, Chute d'un ange, récit, p. 11. Ébattre doit vouloir dire folâtrer contre son rivage.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il s'esbat iluec et solace, O [avec] ses gens, car plus bele place, Ne plus biau lieu por soi joer, Ne porroit-il mie trover, la Rose, V. 615. Si m'en allai seus [seul] esbatant Par le vergier de çà en là, ib. 1310.

XVe s. Devisant et esbattant avec ses gens, Louis XI, Nouv. LXX.

XVIe s. Alors, pour temporiser et esbattre l'assemblée magnifique, furent laschez quatre terribles et fiers tauraux, Rabelais, Sciom. Nature s'est esbattue à montrer combien elle estoit bonne ouvriere, en façonnant votre corps si parfait, Yver, p. 587. Veoir un enfant s'esbattre à blesser un chien, Montaigne, I, 107. L'un d'une chose esbat sa vie, L'autre d'une autre à volonté, Ronsard, 373. … Et pendant que jeunes nous sommes, Esbatre la fleur de nos ans, Ronsard, 511.

ÉTYMOLOGIE

Picard, esbatu, content, réjoui ; provenç. esbatre, battre, réjouir ; ital. sbattere ; de es- préfixe, et battre ; le sens étant agiter en battant, dissiper, et, de là, divertir.