« échappé », définition dans le dictionnaire Littré

échappé

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

échappé, ée

(é-cha-pé, pée) part. passé.
  • 1Soustrait à… par la retraite, par la fuite. Échappé de la prison. Échappé des mains des ennemis. Il te tarde déjà qu'échappé de mes mains, Tu ne coures me perdre et me vendre aux Romains, Racine, Mithr. III, 1. Tel d'un coup incertain par un prêtre frappé, Mugit un fier taureau de l'autel échappé, Delille, Én. II.

    Terme de fauconnerie. Gibier échappé, gibier auquel on donne l'échappe.

    Un cheval échappé, un cheval qui s'est débarrassé du cavalier ou de la voiture, et qui court sans personne qui le guide ; et fig. un jeune homme indocile, emporté.

    Substantivement. Vous couriez par le monde comme des échappés, Voltaire, Dial. XXVIII, 3.

    Un échappé des petites-maisons, un insensé.

    Un échappé de prison, un homme mal vêtu, à mine suspecte. J'avais plus l'air d'un échappé de galères que d'un enfant de famille, Lesage, Guzm. d'Alfar. II, 2.

    PROVERBE

    N'est pas échappé qui traîne son lien, celui qui garde le souvenir d'une passion n'en est point encore délivré.
  • 2 Par extension, sauvé de… Échappé à une mort imminente. Lucrèce était échappée aux blondins, La Fontaine, Mandr. Les enfants d'Israël, lorsque, échappés de la mer Rouge et tournant les yeux vers ces abîmes d'eau…, Massillon, Prof. rel. Serm. 1. Échappée aux périls et aux orages du siècle, Massillon, Prof. rel. Serm. 1. Avec un seul guerrier de la mort échappée, J'ai [moi Julie] marché quelque temps dans cette île escarpée, Voltaire, Triumv. II, 4.
  • 3 Fig. Qui a été dit ou fait sans volonté ou sans conscience. Des paroles échappées à la colère. Aucun gémissement à ton cœur échappé, Corneille, M. de Pomp. II, 2. N'envoyer ni désirs vers le propre intérêt Ni regards échappés vers le propre mérite, Corneille, Imit. II, 9. Des espérances vagues, quelques paroles échappées au dépit, nul dessein formé, Voltaire, Lett. Schouvaloff, 22 nov. 1759.
  • 4 Terme de peinture. Jour échappé, voy. ÉCHAPPÉE.
  • 5 Terme de manége. Qui est engendré, en parlant du cheval, d'un étalon et d'une cavale qui sont de différentes races. Un cheval échappé de normand.

    Substantivement. Un échappé de barbe, un cheval né d'un étalon de race barbe et d'une jument d'une autre race.

    Fig. et familièrement, Se dit d'un homme qu'on soupçonne appartenir à telle ou telle race. C'est un échappé de juif. Les fratricelles, moines échappés de l'ordre de Saint-François, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvres, t. IV, p. 344.

    Un échappé d'Ésope, un homme contrefait, bossu par devant et par derrière. Regarde Dorilas, cet échappé d'Ésope, Qu'on ne peut discerner qu'avec un microscope, Dont le corps de travers et l'esprit plus mal fait D'un Thersite à nos yeux retracent le portrait, Poëte anonyme dans RICHELET.