« échec », définition dans le dictionnaire Littré

échec

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

échec

(é-chèk ; au pluriel, des é-chèk ; l's ne se lie pas : des é-chèk inattendus ; cependant quelques-uns la lient : des é-chèk-z inattendus) s. m.
  • 1Terme qu'on emploie au jeu d'échecs chaque fois qu'on attaque le roi ou qu'on met la reine en prise. Échec au roi. Échec à la reine. Il se couvrit de l'échec par un pion. On ne peut se couvrir de l'échec du cavalier. Faire échec. Être en échec.

    Échec et mat, se dit quand le roi ne peut plus se couvrir ni se retirer, ce qui décide du gain de la partie. Faire le roi échec et mat. Faire échec et mat, gagner la partie. Mon roi est échec et mat, ou je suis échec et mat, c'est-à-dire j'ai perdu la partie.

    Fig. Et n'était, quel qu'il fût, morceau dedans le plat Qui des yeux ou des mains n'eût un échec et mat, Régnier, Sat. X. Nous le trouvâmes [M. de Pomponne] et les dames qui nous reçurent fort gaiement ; on causa tout le soir ; on joua aux échecs ; ah ! quel échec et mat on lui préparait à Saint-Germain [sa destitution] ! Sévigné, 386. La vie de la cour est un jeu sérieux, mélancolique, qui applique ; il faut arranger ses pièces… et après toutes ses rêveries et toutes ses mesures on est échec, et quelquefois mat, La Bruyère, VIII. Le roi qu'on n'osait ni secourir ni abandonner fut échec et mat, Voltaire, Lett. Prusse, 57.

    Échec et mat, sorte de proposition elliptique pour dire qu'on n'a pas réussi, qu'on a échoué dans une entreprise. Échec et mat, se dit le vieillard en se rasseyant tranquillement ; parbleu ! voilà une maîtresse femme, Ch. de Bernard, la Femme de 40 ans, § X.

    Tenir en échec, mettre dans l'impossibilité d'agir, de prendre une résolution. Si vous voulez qu'il puisse trouver la vérité, chassez cet animal [une mouche bourdonnante], qui tient sa raison en échec et trouble cette puissante intelligence qui gouverne les villes et les royaumes, Pascal, Pensées, t. I, p. 258, éd. Lahure, 1860. Ne savez-vous pas comment les jansénistes les tiennent en échec ? Pascal, Prov. 3. Vous lui supposez une audace, une présomption qui tient ses lumières en échec, Marivaux, dans DESFONTAINES.

    Tenir en échec, se dit aussi d'une troupe de guerre qu'on empêche d'agir. De là ils tinrent en échec leur ennemi, qui souffrait également et de la chaleur du climat et du défaut de rafraîchissements, Raynal, Hist. phil. X, 16.

  • 2Dommage, revers. Sa fortune a éprouvé un échec considérable. Et si de quelque échec notre faute est suivie, Nous disons injures au sort, La Fontaine, Fabl. VII, 14. Pourquoi sortirait-il d'une situation brillante, quoique non assurée, pour se jeter dans une situation si critique où le moindre échec pouvait tout perdre, où tout revers serait décisif ? Ségur, Hist. de Napol. II, 4.

    Perte considérable éprouvée par une armée. L'échec d'Inkowo venait de décider Napoléon ; dix mille chevaux russes, dans une rencontre d'avant-garde, avaient culbuté Sébastiani et sa cavalerie, Ségur, ib. VI, 1.

HISTORIQUE

XIIIe s. Au roc [avec le roc, la tour] [il] en prist un grant tropel, Et dist eskec ; moult li fu bel, Fl. et Bl. fl. V. 2117. [Il] L'assailli por li desconfire, Eschec et mat li ala dire, la Rose, 6676.

XVIe s. Ainsi, à divers tours de vieille guerre, les endommageoit, et conduisoit tellement ses entreprises que sur ses ennemis avoit tousjours eschec à l'advantage, Jean D'Auton, Annales de Louis XII, p. 134, dans LACURNE. L'artillerie fit son eschec [coup] dans les Mutinades, D'Aubigné, Hist. III, 393. Une grande sortie sur le reste fit un merveilleux eschec sur les Turcs, Carloix, I, 41. M. de Vieilleville, qui avoit laissé M. le prince de la Roche-sur-Yon en peine de lui, le voulut bien lever de cet eschec [inquiétude], Carloix, IV, 4.

ÉTYMOLOGIE

Voy. ÉCHECS. Il y avait dans l'ancien français escheq, eschieq, eschac, qui signifiait butin et que Diez rattache à l'ancien haut allemand schâh, butin, le c empêchant de rattacher ce mot à échoir.