« échoir », définition dans le dictionnaire Littré

échoir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

échoir

(é-choir) v. n.

Il n'a que les temps et personnes qui suivent : il échoit ou il échet, ils échoient, ils échéent ; il échoyait ; il échut, ils échurent ; il écherra ou échoira ; il écherrait ou échoirait ; qu'il échoie, qu'il échût ; échéant ; échu, échue. L'Académie dit que il échoit se prononce comme il échet ; cela ne paraît pas conforme à l'usage ; la prononciation échoit est même plus fréquente que la prononciation échet.

  • 1Être dévolu par le sort. Les immeubles que les époux possèdent au jour de la célébration du mariage ou qui leur échoient pendant son cours, Code civil, art. 1404. La longue [paille] échet sans faute au défendeur, La Fontaine, Juge. Japhet, connu sous ce nom dans les poëtes, fut aussi adoré sous celui de Neptune, parce que les pays maritimes lui échurent, Rollin, Traité des Ét. 4e part. ch. 1. Andromaque à Pyrrhus est échue en partage, Chateaubrun, Troyennes, I, 6.
  • 2 Terme de pratique. Si le cas y échoit, y échet, ou, simplement, s'il y échet, c'est-à-dire si l'occasion se présente, s'il y a lieu.

    Le cas échéant, c'est-à-dire à l'occasion, en telle circonstance.

    Se faire, avoir lieu, à un certain temps préfixe. Le terme échoit à la Saint-Jean. La première année de la rente écherra en 1615, Patru, Plaidoyer 3, dans RICHELET.

  • 3 En termes de palais, il s'est dit autrefois des peines imposées aux délits ou crimes. À cela, il y échoit amende.
  • 4En parlant des personnes, échoir bien, échoir mal, avoir bonne ou mauvaise chance. Je suis mal échu. Vous ne sauriez que bien échoir. Pour un enfant qui sort du monastère, C'était échoir en dignes compagnons ! Gresset, Vert-Vert, III.

    Cet emploi d'échoir a vieilli.

    Échoir se conjugue avec l'auxiliaire être.

HISTORIQUE

XIIe s. Cui escheoit l'honor [le fief] et l'heritage, Ronc. p. 159. Mais se pitiez me pooit escheoir, Couci, XVIII.

XIIIe s. Se li heritages est esqueüs à plusors persones d'un meisme degré de lignage, Beaumanoir, 47.

XIVe s. Ce est si come il eschiet, Oresme, Eth. 157.

XVe s. Or escheï que le sire de Faguoelles estoit monté sur un coursier trop melancolieux et mal enfrené, Froissart, I, I, 91. Nous ne pouvons emouvoir guerre au roi de France… sans escheoir en sentence d'excommunication, Froissart, I, I, 95. En ce temps eschurent Pasques si haut, que environ Pasques closes on eut l'entrée du mois de mai, Froissart, I, I, 194.

XVIe s. L'eternel est ma portion, mon sort m'est très bien escheu, Calvin, Inst. 806. La principale partie est escheute aux evesques et aux prestres des villes, Calvin, ib. 879. Il n'escheoit pas de recompense à une vertu qui est passée en coustume, Montaigne, II, 65. Des dieux il ne peult venir aucun mal à l'homme, sinon pour son plus grand bien, quand il y escheoit, et pour un medecinal effet, Montaigne, II, 146. Le jour de son retour, par cas d'adventure, escheut au propre jour que…, Amyot, Alc. 69. Il n'en peult advenir que peu d'avantage, s'il luy succede bien, et au contraire perte universelle du total, s'il luy eschet mal, Amyot, Pélop. 4.

ÉTYMOLOGIE

Picard, ékerre, échoir, ékeu, échu ; wallon, heûre ; provenç. eschazer ; ital. scadere ; du latin fictif ex-cadere, de ex et cadere (voy. CHOIR).